Le Togo démasque les membres du ”commando” qui a opéré avec succès ce que d’aucuns considèrent comme rapt de Frère Hounvi. Parmi eux, le patron du Cnin.
Après deux semaines de mutisme, enfin une réaction officielle du côté du Togo sur le dossier Frère Hounvi.
Dans un communiqué lu à la télévision publique dimanche, le procureur du tribunal de Lomé révèle l’identité des membres du ”commando” qui a enlevé nuitamment le chroniqueur masqué très critique envers le gouvernement béninois.
Ils sont au nombre de six, dont un Togolais et une esthéticienne ressortissante béninoise. Les deux sont arrêtés et poursuivis pour enlèvement et complicité d’enlèvement.
Parmi les autres visages que démasque le procureur du tribunal de Lomé, figure le directeur du Centre national d’investigations numériques (Cnin), Ouanilo Fagla Medegan. Créé en novembre 2023, cet organisme lutte contre la cybercriminalité et reprend les attributions de l’Office central de répression de la cybercriminalité (Ocrc).
Le procureur de Lomé a dès lors décerné un mandat d’arrêt international contre les 4 Béninois. Leurs fiches ont été transmises à Interpol, selon le communiqué.
Le communiqué de la Justice togolaise lu à la télévision nationale du pays, dissipe les soupçons de complicité ou de collaboration avec les services béninois dans l’interpellation extrajudiciaire du concerné dans la nuit du 12 au 13 août.
Hounvi sous mandat de dépôt
Frère Hounvi séjourne désormais à la prison de Ouidah après son audition, mardi 20 août par le procureur spécial de la Cour de répression des Infractions économiques et du terrorisme (Criet). Trois charges pèsent sur lui. Harcèlement par voie électronique, initiation et publication de fausses nouvelles par le biais des réseaux sociaux et provocation directe à la rébellion. La Criet a fixé son audience au 7 octobre prochain.
Vice de procédure
Dans ce dossier, ce qui offusque davantage est le mode opératoire préféré par la Justice béninoise. Lomé dénonce un «mépris des règles de coopération pénale internationale». L’Ordre des avocats du Bénin avait fait la même observation dans un communiqué mardi 20 août. La procédure pénale correcte exige qu’une poursuite soit engagée officiellement contre lui.
«Dans le cas de Monsieur Steve AMOUSSOU qui réside hors du territoire national, il nous semble que la meilleure modalité de le faire comparaître devant les autorités judiciaires du Bénin eût consisté à décerner à son encontre un mandat d’arrêt», insiste l’Ordre.
Onze organisations de la société civile togolaise ont elles aussi, dénoncé «un acte crapuleux».