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AES : Trois stratégies pour l’adoption réussie d’une monnaie unique

Par Sêmèvo Bonaventure AGBON
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Comment les pays de l’Alliance des États du Sahel (AES) peuvent-ils réussir à instaurer une monnaie unique ? L’écrivain et économiste Mohamed Djafarou Sinaissire explore les stratégies à adopter, en s’appuyant sur des exemples historiques. Dans une interview accordée au journal L’Œil du Bénin, il propose une feuille de route détaillée pour mener à bien cette initiative ambitieuse.

Par F. DEDEGNONHOU

Née dans un climat géopolitique tendu, l’AES regroupe trois États ayant rompu avec la CEDEAO après une série de coups d’État militaires et des sanctions internationales. Leur retrait collectif marque une volonté affirmée de bâtir un modèle d’intégration indépendant et de souveraineté économique, loin de toute influence jugée néocoloniale.

Dans cette optique, la monnaie apparaît comme un levier stratégique et politique. L’économiste propose plusieurs étapes clés pour garantir la viabilité de cette monnaie unique.

Une transition progressive vers l’autonomie monétaire

L’économiste recommande une démarche progressive, permettant aux économies concernées de s’adapter en douceur. Selon lui, la première étape consisterait en une phase de transition durant laquelle la nouvelle monnaie coexisterait avec le franc CFA. « Une telle approche a été suivie par le Nigeria lorsqu’il a introduit le naira tout en maintenant la livre sterling pendant une période transitoire », rappelle-t-il.

La mise en place d’une Banque centrale sahélienne constituerait une autre étape cruciale. Cette institution aurait pour mission de gérer la politique monétaire de manière indépendante et de veiller à la stabilité des prix. « Le succès d’une telle initiative dépendrait de la mise en place de mécanismes de surveillance rigoureux pour éviter toute dérive inflationniste », souligne Mohamed Djafarou Sinaissire.

L’économiste insiste également sur la nécessité de constituer des réserves de change solides en s’appuyant sur l’exploitation des ressources naturelles des pays de l’AES. « Les réserves en devises des pays producteurs de matières premières, notamment le Niger, qui possède des réserves de pétrole et d’uranium importantes, pourraient soutenir la nouvelle monnaie », explique-t-il.

Enfin, la réussite de cette transition monétaire nécessiterait l’établissement de partenariats économiques stratégiques. Mohamed Djafarou Sinaissire estime que les pays de l’AES devraient sceller des accords avec des partenaires extérieurs afin de diversifier leurs relations économiques et de réduire leur dépendance vis-à-vis des anciennes puissances coloniales. Il prend l’exemple du Mali, qui « a déjà commencé à renforcer ses relations économiques avec des pays non occidentaux, comme la Russie ».

Une opportunité historique pour l’AES

Pour Mohamed Djafarou Sinaissire, la création d’une monnaie unique représente une occasion unique pour ces pays d’affirmer leur indépendance économique et de poser les bases d’un développement durable. « La création d’une monnaie commune pour l’AES représente une chance unique pour ces pays d’affirmer leur indépendance économique. Avec une planification rigoureuse et une vision claire, cette monnaie pourrait être un catalyseur pour le développement de la région », conclut-il.

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