Les préoccupations de la jeunesse figurent désormais au cœur des priorités d’un nouveau rassemblement de jeunes béninois. Après un an de mobilisation de bouches à oreilles, le mouvement « Les Patriotes » se révèle au grand jour. Jeudi 13 mars, ses leaders ont fait le point lors d’une conférence de presse à Cotonou, dévoilant leurs ambitions et l’état d’avancement de la mobilisation.
L’ambition de ce mouvement Les Patriotes est claire : créer un parti politique axé sur les préoccupations de la jeunesse. Une jeunesse souvent reléguée au second plan, bien qu’elle vive dans la précarité. Pendant ce temps, les formations politiques, censées la représenter, semblent avoir d’autres priorités.
Selon eux, ces partis se concentrent sur des enjeux comme « la libération des prisonniers politiques et le retour des exilés politiques », ou encore la relecture du Code électoral. En conséquence, les jeunes sont souvent réduits à être « des porteurs de sac », sans jamais voir leurs préoccupations réellement prises en compte, déplore Toussaint Awessin.
Cette situation trouve une explication dans le modèle démocratique actuel. Florian Fadonougbo, l’un des leaders, explique que le modèle démocratique issu de la conférence nationale de 1990, autrefois un ange salvateur, « est devenu aujourd’hui un monstre qui nous étouffe ». Ce modèle, estime-t-il, ne survit au Bénin que grâce à l’intervention des dirigeants actuels. Ce sont eux qui lui ont « fait des scarifications et l’ont exorcisé » en 2019. Mais les priorités de cette démocratie ne répondent plus aux besoins d’une jeunesse en quête de solutions concrètes, surtout à l’approche des élections générales de 2026.
Pour Les Patriotes, « une démocratie qui ne produit ni prospérité, ni justice, ni amélioration du quotidien des citoyens n’a pas de sens ». C’est donc cette impasse qui les pousse à se doter d’une existence politique. L’objectif de renforcer les actions de mobilisation de la jeunesse et de participer activement aux prises de décisions en sa faveur.
Depuis mars 2024, le mouvement a entamé un travail discret de mobilisation, « de bouche à oreille ». Ce qui lui a permis de rallier ceux qui épousent sa dynamique. Aujourd’hui, il compte plus de 1200 membres répartis dans les 77 communes du Bénin. Un nombre bien au-delà des 1155 membres exigés par la loi (15 par commune).
Un projet de transformation, pas un parti de plus
Avant l’avènement du régime actuel, le modèle démocratique béninois souffrait de nombreux maux. Parmi eux, la corruption, favoritisme, impunité, ainsi que de graves problèmes sociaux. Il y a également « un système éducatif en crise, un chômage massif, des soins de santé inefficaces et inaccessibles ». « Une grande partie de la population » ressent aujourd’hui un profond malaise face à une démocratie. Car estime Florian Fadonougbo, elle « n’a pas su tenir sa promesse essentielle, celle du progrès et du bien-être de tous ».
Pour Les Patriotes, les réformes entreprises depuis 2016, bien qu’elles aient « renforcé la gouvernance, modernisé l’État, assaini les finances publiques, amélioré les infrastructures et redonné de la crédibilité aux institutions », ne sont pas suffisantes. « Les gouvernements se succèdent, mais la situation des jeunes, de l’emploi et du sous-emploi, ne cesse de se détériorer », déplore Toussaint Awessin.
Une jeunesse en quête de dignité et de changement
Le mouvement Les Patriotes se présente comme « l’expression d’un besoin profond » ressenti par des milliers de Béninois. « Celui d’un espace politique où les idées nouvelles, les talents et les ambitions collectives puissent s’exprimer pleinement et librement ». Le nom même du mouvement, « Les Patriotes », reflète cette volonté. Il s’agit de rassembler « des hommes et des femmes unis par un amour profond pour le Bénin, déterminés à œuvrer pour sa souveraineté, sa prospérité et son rayonnement ».
Trois axes stratégiques guideront l’action de ce parti en gestation : « Renforcer et améliorer les réformes pour les rendre plus efficientes, plus inclusives et plus durables ; faire évoluer notre modèle démocratique vers un système qui garantit non seulement les libertés fondamentales, mais aussi le progrès social et économique pour la majorité ; enfin, consolider les acquis en matière de gouvernance et de modernisation de l’État, tout en veillant à ce que personne ne soit laissé pour compte. »
Le mouvement se fixe pour vision de « construire un Bénin plus souverain, plus juste, plus travailleur et plus prospère où chaque citoyen pourra réaliser son plein potentiel ». Ainsi, Les Patriotes se refusent à être « un parti de contestation ou d’alignement ». Ils prônent une « transformation » structurelle conforme aux aspirations des jeunes et, par extension, du Bénin.
Le mouvement tend la main à tous ceux qui partagent sa vision d’un développement inclusif. Les Patriotes se disent conscients de la lourdeur de la tâche. Ils rassurent néanmoins : « Le difficile, nous le ferons, et l’impossible nous prendra un peu de temps. » Pour les Patriotes, la participation aux élections serait, non le but, mais la conséquence du succès de leurs actions.
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