Dans le cadre de la campagne Doxami sous le thème de l’éducation, de la sensibilisation et de la communication, une centaine de jeunes ont pris part samedi 31 mai à Abomey-Calavi, à un carnaval organisé par l’Ong Filles en actions. À travers une série d’activités interactives et éducatives, l’événement a permis d’ouvrir un espace de dialogue autour de la loi n°2021-12 du 20 décembre 2021, modifiant et complétant la loi 2003 relative à la Santé sexuelle et reproductive (Ssr).
Plusieurs activités interactives ont été proposées au cours de cette rencontre pour créer un espace d’expression libre et bienveillant. Entre autres, marche colorée, body painting, stands d’Information, d’éducation et de communication (IEC), prestations artistiques, groupes de discussion, ainsi qu’une exposition intitulée « De la caverne à la connaissance sur l’Ivg ».
La clinique mobile de l’Association béninoise pour la promotion de la famille (Abpf) était également présente pour offrir des services gratuits de santé et répondre aux préoccupations des jeunes. Des scènes de contes ont permis de retracer l’évolution juridique, politique et sociale du droit à l’avortement au Bénin, de 1920 à ce jour.
Une loi peu connue, mais capitale

Dans son discours, la présidente de l’Ong Filles en actions, Brian Sossou, a souligné l’importance de vulgariser la loi n°2021-12 du 20 décembre 2021, modifiant et complétant la loi 2003 relative à la Santé sexuelle et reproductive. Elle estime que cette loi « est là pour accompagner les filles et les femmes dans leur parcours de décision et faire en sorte que plus personne ne se retrouve face à une situation où elle serait amenée à mettre sa propre vie en danger. » Et de faire remarquer que « cette loi est peu connue du public. Or, dit-on, l’information, c’est le pouvoir, et le pouvoir entre de bonnes mains sauve des vies. » Pour Brian Sossou, les jeunes doivent s’approprier leurs droits afin de prévenir les conséquences dramatiques liées à la méconnaissance des dispositions légales sur l’Ivg.
Pour jauger le niveau de connaissance des participants et participantes sur l’existence de la loi Sr-2021, une pré-évaluation a été effectuée. « Majoritairement, le questionnaire de pré-évaluation a confirmé que nous avons raison lorsque nous disons que les jeunes n’ont pas réellement accès à l’information, et que cette information, ils/elles vont la chercher vers des sources qui ne sont pas très fiables» a confié Folashadé Saïzonou, directrice des programmes de l’Ong Filles en actions. Elle soutient que « les jeunes n’ont pas réellement accès à une information de qualité, et que cela justifie d’autant plus l’activité elle-même. » Folashadé Saïzonou demande alors aux jeunes de « chercher à comprendre qu’ils ont la capacité de faire des choix éclairés, mais également d’aller vers des options sûres et sécurisées. »
L’engagement du Gups pour un droit effectif
Présent à la cérémonie, le chef du Guichet unique de protection sociale (Gups) de Tori-Bossito, Tiburce Kindjihossou, a salué l’initiative de l’Ong. Il a fait savoir que « ce carnaval est l’exemple parfait d’une approche qui valorise l’écoute et la participation des jeunes. »
Tiburce Kindjihossou a exprimé l’engagement du Gups à accompagner la jeunesse dans la mise en œuvre effective de leurs droits en santé sexuelle et reproductive. « Nous croyons fermement que la promotion des droits des filles et des femmes passe par l’accompagnement et la valorisation de leurs initiatives », a-t-il déclaré.

Cette approche participative a également été saluée par les bénéficiaires. Corazon Houndji, psychologue en formation et participante trouve cette activité «beaucoup plus formative et éducative que les nombreux carnavals auxquels » elle participe en tant que jeune. « J’ai aimé la manière dont on nous a approchés pour nous expliquer les choses, sans pour autant nous rabaisser. » a-t-elle confié.
De son côté, Richnelle Sonon, juriste en formation, a salué l’aspect historique et éducatif de l’activité. En tant que juriste, elle avait connaissance de l’existence de la loi de 2021 sur la Santé sexuelle et reproductive. Mais elle ne connaissait pas « ni son origine ni son aboutissement».
« Je n’avais pas connaissance de son historique. À travers un podcast que nous avons eu à écouter, j’ai compris que tout est parti du constat selon lequel plusieurs femmes pratiquaient l’avortement clandestin. » confie Richnelle Sonon. Selon elle, depuis longtemps, « les femmes ont toujours été l’objet d’oppression, d’interdictions et de réticences. Leur liberté de faire et d’agir était restreinte, en particulier sur la question de l’Interruption volontaire de grossesse, car les avis sont partagés, tant sur le plan religieux que moral et éthique. »

Ainsi, grâce à cette activité de l’Ong Filles en actions, «nous avons compris que, à travers la loi sur la santé sexuelle et reproductive, l’État a encadré les conditions dans lesquelles les femmes peuvent pratiquer une Interruption volontaire de grossesse, avec un suivi médical qui garantit la sécurité de la femme et limite les risques graves pour sa santé».
Un appel à la responsabilité collective
Les discours officiels ont convergé vers un message fort. Celui de la responsabilité collective dans la diffusion de l’information. « Quand vous finirez de recevoir, il deviendra un devoir pour vous de partager l’information et de dire haut et fort que l’Interruption volontaire de grossesse est un droit légitime et un service de santé essentiel qui sauve des vies », a exhorté la présidente de l’Ong Filles en actions Brian Sossou.
