Les cinq juristes, dont le recours a été jugé irrecevable jeudi, reviennent à la charge. Ils ont déposé ce vendredi 10 octobre un nouveau recours dans lequel ils dénoncent, cette fois-ci, le mutisme de la Haute juridiction, qu’ils accusent de violer la constitution par son « mutisme » sur la brûlante question de l’auto-parrainage ou non pour la présidentielle d’avril 2026.
Landry Angelo Adelakoun, Romaric Zinsou, Miguèle Houeto, Fréjus Attindoglo et Conaïde Akouedenoudje ne démordent pas. Dans la nouvelle requête obtenue par Bénin Intelligent, ils fondent leur action sur les articles 3 et 117 de la Constitution. Les requérants soutiennent cette fois-ci que le « mutisme » de la Cour constitutionnelle est contraire à la loi fondamentale, d’autant que celle-ci est garante de la régularité des élections présidentielles.
Ils rappellent que la haute juridiction a non seulement le pouvoir, mais aussi l’obligation de se saisir d’office (auto-saisine) pour clarifier urgemment le cadre juridique et lever les doutes qui planent sur le processus électoral. Son inaction, écrivent-ils, « pourrait s’apparenter à un choix délibéré » et nourrit une psychose préjudiciable à la paix sociale.
Mutisme coupable ?
Ce recours fait suite à une première tentative jugée irrecevable jeudi 9 octobre. La Cour avait alors botté en touche, estimant que la saisine directe des juristes n’entrait pas dans le cadre strict de ses attributions, définies par sa loi organique. Landry Angelo Adelakoun et alliés dénonçaient l’interprétation de la Cena, dont le directeur général des élections avait publiquement déclaré « si l’on peut voter pour soi, l’on peut s’auto-parrainer » .
Pour rappel, la clarification de cette polémique par la Cour constitutionnelle est cruciale pour l’opposition. Actuellement incarnée par le parti « Les Démocrates » qui ne dispose exactement que de 28 parrains, soit le seuil minimal requis pour présenter une candidature . Si l’auto-parrainage – la possibilité pour un député candidat de signer sa propre feuille de parrainage – est écarté, le parti se trouverait dans l’impossibilité de présenter l’un de ses figures emblématiques, comme Eric Houndété ou Nourenou Atchadé, tous deux députés .
En déclarant irrecevable le premier recours, la Cour constitutionnelle a laissé la question dans un flou juridique anxiogène, déplore les cinq requérants. Par ce nouveau recours, ils comptent forcer la main à la Cour afin qu’elle prenne ses responsabilités pour « sauver le Bénin » et assurer la transparence de la compétition électorale.
