Le chef de l’État, Patrice Talon a effectué du 13 au 17 décembre, une visite de travail en Martinique. Objectif, promouvoir le potentiel artistique et culturel du Bénin et renforcer la coopération avec Fort-de-France.
La première étape de la visite du chef de l’État en terre martiniquaise, c’est sa rencontre avec le président du conseil exécutif de la Collectivité territoriale de la Martinique (Ctm), Serge Letchimy. Les deux hommes ont échangé sur le renforcement de la coopération entre leurs deux territoires.
Vient ensuite la rencontre avec les élus de la Ctm ainsi que les acteurs socioéconomique et culturel de la Martinique. Face à ceux-ci, Patrice Talon a vanté les atouts de la destination Bénin pour les touristes et les investisseurs, notamment martiniquais. En signe de détermination, Patrice Talon a annoncé la subvention de l’ouverture d’une ligne aérienne directe Cotonou – Fort-de-France.
« Nous allons convenir avec une compagnie aérienne qui opère déjà sur ces régions, d’ouvrir cette ligne aérienne », a annoncé le chef de l’État. La subvention devrait ainsi permettre de soutenir l’initiative et faciliter la mobilité entre les deux régions pour les touristes et investisseurs.
Pour la partie martiniquaise, il ne s’agit pas d’une « substitution » à l’Etat. Puisque « l’État a intérêt à faciliter les contacts avec l’Afrique », estime Serge Letchimy. Cette opération faisant de la Martinique, un hub vers l’Afrique.
Sur les traces de Béhanzin
Au lendemain de l’arrivée du président Patrice Talon en Martinique, il s’est rendu au Fort Tartenson. Le site renferme encore la mémoire du passage de l’un des plus célèbres souverains du Danxomè, le roi Béhanzin.
Déporté par le colon français depuis Abomey en 1894, c’est ici que le souverain a été retenu captif plusieurs années durant. Pour Patrice Talon, « la charge émotionnelle est énorme à observer, à vivre, à venir » sur ces lieux. Ils représentent en effet « le symbole de la fin du royaume du Danxomè ». Mais « C’est l’histoire du monde, de l’humanité » conclue le chef d’État béninois.
À l’occasion du centenaire de la mort du roi Béhanzin en 2006, le Fort Tartenson a servi de lieu de pèlerinage pour plusieurs délégations, dont celle du Bénin. Ajouté à la traite transatlantique, c’est un passé douloureux que partagent le Bénin et la Martinique.
Mais un passé sur lequel, « on peut construire quelque chose ». Patrice Talon a donc fait l’option de se tourner résolument vers la construction d’un meilleur avenir. C’est la raison de l’organisation de l’exposition ”Révélation ! Art contemporain du Bénin” à la fondation Clément dans la commune du François en Martinique malgré les vagues de protestations relatives au site. Il lui est reproché de porter le sceau des horreurs esclavagistes du passé.
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Vers une réparation conquérante
Un autre site de souvenirs, chargé d’histoire et d’émotions, le mémorial du Cap 110 à l’Anse Caffard dans la ville du Diamant. L’œuvre est érigée en 1998 lors du 150e anniversaire de l’abolition de l’esclavage. Œuvre de l’artiste martiniquais Laurent Valère.
Patrice Talon s’y est rendu vendredi 15 décembre. Il y a procédé à un dépôt de gerbe en hommage aux victimes de cette tragédie.
Ici, le chef de l’État est pris « de frustration, de tristesse et de culpabilité ». Il ne s’explique pas « le peu de contact, peu de lieu, peu de relation qui existe entre l’Afrique de l’ouest et les Caraïbes, entre le Bénin et la Martinique ».
Il profite de cette charge émotionnelle pour passer un message. Un message de paix et d’évolution. Patrice Talon suggère une « réparation conquérante » à la « revendication ». « Cette réparation proviendra de nous-mêmes parce qu’il faut travailler dur pour donner une autre image de la communauté noire », a-t-il expliqué.
Samedi 16 décembre, la délégation béninoise a été reçu par le maire de Fort-de-France, Didier Laguerre et son conseil municipal. Les échanges ont porté sur le renforcement des liens diplomatiques entre le Bénin et la Martinique. Des discussions ponctués d’échanges de présents symboliques. Patrice Talon s’est vu remettre notamment la médaille de la ville.
La délégation béninoise s’est ensuite rendue aux ateliers d’arts visuels du Sermac. Puis à l’espace muséal Aimé Césaire avec à la clé, une présentation du théâtre du célèbre écrivain. Le parcours empreint d’émotions appelle « à construire pour nous, le monde dans lequel nous sommes, de manière plus sereine, plus apaisée ».
Patrice Talon appelle également à être « de véritables garants de la pensée d’Aimé Césaire, de son leadership ». Et à « transmettre » son héritage à la nouvelle génération.
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Le chef de l’État a également rencontré la diaspora béninoise en Martinique. Avec ses compatriotes, le président Talon a abordé les réformes mises en œuvre et celles en cours de mise en œuvre au Bénin. Réformes qui ambitionnent de promouvoir un climat de bonne gouvernance au Bénin. Favorisant ainsi l’investissement, mais également le retour de la diaspora.
La visite de Patrice Talon en Martinique, la première, s’inscrit dans une dynamique de promotion des valeurs culturelles matérielles et immatérielles du Bénin sur la scène internationale. Elle s’est tenue en marge de l’ouverture à la fondation Clément, de l’exposition ”Révélation ! Art contemporain du Bénin ”. L’exposition se déroulera du 15 décembre 2023 au 30 mars 2034.
