Il était reproché à la Cedeao son silence dans la crise entre le Bénin et le Niger; crise née de l’application des sanctions suite au coup d’État contre le président Mohamed Bazoum. L’organisation communautaire a enfin rompu le silence à travers son Parlement.
Mention est faite de cette tension dans le communiqué sanctionnant la deuxième session extraordinaire de l’année 2024 du Parlement de la Cedeao tenue à Kano, en République Fédérale du Nigéria, du 20 au 25 mai. Le Parlement n’a pas pris position dans cette crise. Elle affiche simplement sa disponibilité à travailler au dégel.
Le Parlement de la Cedeao annonce «des visites de terrains pour comprendre et aider à aplanir les incompréhensions entre le Benin et le Niger au sujet de récentes tensions observées entre les deux pays frontaliers».
Par ailleurs, dans le même communiqué, le Parlement de la Cedeao, qui est à sa 6e législature, se préoccupe également de l’avenir de l’organisation. Elle s’inquiète du retrait des trois pays du Sahel «qui ont connu des changements anticonstitutionnels de régime». Pas question de les laisser partir au risque de la désintégration de l’espace communautaire, semblent dire les députés panafricains.
Réconciliation avec l’AES
Sur ce sujet, en effet, le Parlement a décidé de la création d’une Commission adhoc dénommée Commission Adhoc de facilitation, de médiation et de réconciliation pour le Burkina-Faso, le Mali et le Niger. Ladite commission a pour objectif de trouver des compromis entre les Etats membres désireux de quitter la Cedeao et les instances dirigeantes de la Communauté.
Les autorités du Niger, Mali et Burkina Faso sont alors appelées à accepter l’appel au dialogue avec la Cedeao «en vue de sauvegarder la démocratie, l’unité et les intérêts de la Région».
Enfin, en faveur de la lutte contre le terrorisme, le Parlement demande à la Commission de la Cedeao d’intensifier la montée en puissance de la stratégie de défense commune dans la lutte contre le terrorisme, avec l’accroissement des moyens nécessaires pour l’éradication totale et définitive de ce fléau dans l’espace communautaire.
Conscient de la dégradation de l’image de la Cedeao au sein des opinions publiques, les Parlementaires recommandent un changement de stratégie. A cet effet, la Commission de la Cedeao est invitée à changer radicalement de stratégie de communication «pour mieux faire connaitre ses actions auprès des peuples de la Communauté».
Le Parlement de la Cedeao pourrait-il jouer alors jours le rôle de médiation ? Des voix appelaient en tout cas à la désignation d’un médiateur. Le Niger maintient sa frontière terrestre fermée avec le Bénin. Niamey accuse Cotonou d’héberger des bases militaires de déstabilisation de son territoire. En représailles, le gouvernement béninois a déjà pris au moins deux mesures. D’abord, le blocus du pipeline Bénin-Niger avant une autorisation ”provisoire et ponctuelle”. Puis, l’interdiction du transport fluvial devenu l’alternative des populations depuis la fermeture des frontières.