Le Burkina Faso menace de lâcher toute organisation qui persiste dans des pratiques néocoloniales. «Nous observons l’Union africaine, et si elle se comporte comme la Cedeao, nous la quitterons aussi. Même l’Onu n’est pas exclue».
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Cet avertissement sévère, le Premier burkinabè, Apollinaire Joachimson Kyélem de Tambèla l’a lancé jeudi 11 juillet lors d’une rencontre avec les directeurs régionaux des Nations unies, rapporte Sputnik Afrique.
Pour comprendre cette mise en garde, il faut remonter au 65e sommet de la Cedeao à Abuja. Le Commissaire de l’Union africaine chargé des Affaires politiques, paix et sécurité a jugé «inacceptable pour l’Union africaine» le retrait des trois pays de l’AES. Et « nous croyons en une seule Cedeao». Déclaration très mal vécue au Sahel.
Dans un communiqué conjoint, les trois ministres des Affaires étrangères du Mali, Burkina Faso et du Niger lui ont reproché son manque de réserve. Et de faire observer que le Commissaire de l’Union africaine n’a «aucun droit d’ingérence dans les affaires intérieures d’États membres de l’Union africaine». Par ailleurs, «toute appréciation de [leur retrait de la Cedeao] constitue une ingérence dans les affaires intérieures des Etats membres de la Confédération des Etats du Sahel (AES)», assènent les ministres.

La sortie du Premier ministre burkinabè arbore le même ton de la souveraineté. D’ailleurs, des pays vivaient bien avant la colonisation qui les a parachutés dans le cercle vicieux de l’impérialisme, objecte-t-il.
« Nous avons vécu avant la colonisation, sans rapport avec l’Occident, et on vivait bien. Un pays comme la Thaïlande n’a jamais été colonisé, un pays comme l’Éthiopie n’a jamais été colonisé, mais ils vivent bien. Au contraire, ce sont les Occidentaux qui sont venus nous entraîner dans des labyrinthes à ne pas en sortir. C’est pour toujours nous maintenir sous l’éteignoir», lit-on dans le communiqué de la Primature.
Aides au développement ?
Rien n’arrêtera le Burkina Faso dans la dynamique de la préservation de son intégrité territoriale, a-t-il juré face aux émissaires de l’Onu. «Celui qui ne se voit pas dans cette optique, nous ne pouvons pas collaborer ensemble. Ceux qui veulent aller dans notre sens nous sommes d’accord parce qu’après tout, c’est l’intérêt de notre pays ».
Au passage, Dr Apollinaire Joachimson Kyélem de Tambèla critique l’inefficacité des aides au développement. «Depuis 1960, on parle d’aide et on n’a pas évolué, on n’a pas bougé. Il faut remettre les choses en cause. On parle d’aide au développement, d’aide à la coopération et on n’a pas avancé depuis 1960, il faut questionner cette forme d’aide».
Pour marquer leur divorce définitif avec la Cedeao accusée d’être sous influence de puissances étrangères, les trois pays se sont réunis en Confédération des États du Sahel. Ils comptent ainsi mutualiser leurs efforts dans plusieurs domaines, notamment la lutte contre le terrorisme.