La réforme du «10 janvier» ne vise pas à effacer le passé et à réécrire l’histoire en faveur du gouvernement du président Talon, jure Wilfried Léandre Houngbédji.
Le porte-parole du gouvernement réagit aux critiques liées à la réforme du «10 janvier» opérée par l’Assemblée nationale. En effet, la nouvelle loi adoptée déplace désormais ce rendez-vous culturel et cultuel au deuxième vendredi du mois de janvier. Au Bénin, cette unique journée chômée, fériée et payée au profit des «religions traditionnelles», était fixée au «10 janvier» de chaque année depuis environ 30 ans.
La réforme opérée mardi 30 juillet par l’Assemblée nationale à travers l’adoption du projet de loi fixant la fête annuelle des religions traditionnelles fait donc logiquement jaser.
Le gouvernement actuel veut-il ‘’effacer’’ toutes les œuvres de ses prédécesseurs afin de mettre en place ce qui lui semble être parfait ? Non, rassure Wilfried Léandre Houngbédji. L’objectif est plutôt « d’améliorer nos pratiques au fur et à mesure, de voir comment on peut optimiser les choses qui sont biens et améliorer au fur et à mesure », réagit-il.
Lors de sa rencontre hebdomadaire avec la presse au siège de La Nation, Wilfried Léandre Houngbédji explique le bien-fondé de cette réforme. La «seule chose qui change, c’est la fixité de la date. Mais la probabilité est telle qu’il y aura des fêtes de Vodun le 10 janvier ».
L’esprit de la réforme, explique-t-il, est « qu’à l’occasion des Vodun days, le Bénin soit une attraction mondiale au plan du tourisme articulé autour de la culture et particulièrement l’art Vodun ».
C’est pourquoi, « nous avons dit pour faire simple, on va prendre le 2e weekend de janvier et précisément le deuxième vendredi de janvier de chaque année. Sachant que si on prend le premier vendredi, le dimanche qui va suivre, c’est Épiphanie. Epiphanie aussi, c’est consacrée ici aussi notamment du côté de l’Ouémé. Pour ne pas qu’il y ait de concurrence entre les religions, on laisse le premier. Et le deuxième doit être consacré aux Vodun days et la célébration des religions traditionnelles ».
Le «10 janvier» n’est pas banni
Ainsi démontre Wilfried L. Houngbédji, la célébration des religions traditionnelles se déroulera « soit au plus tôt le vendredi 8, au plus tard le 15 [janvier] ». Dans cette intervalle, la fête des religions traditionnelles peut tomber sur « un 9, un 10, un 11, un 12… [janvier]». Il rassure que le 10 n’est pas banni.
Au contraire, « on optimise et on veut faire en sorte qu’il y ait en ce moment-là pendant deux, trois jours et le weekend, un carnaval Vodun ici, que l’attraction du monde se porte vers le Bénin parce que nous avons quelque chose que nous offrons à la communauté internationale ».
Le porte-parole du gouvernement estime que « le président Soglo doit être peut être satisfait de ce qui est fait ». Surtout, « quand il voit la dimension que nous donnons et l’allure que le pays prend à l’international ».
Les rituels du vendredi
L’autre aspect de la réforme qui fait réagir, c’est la journée du vendredi retenue pour les manifestations officielles. Alors que dans le monde du Vodun, cette journée est inappropriée à l’exécution de certains rituels. Sur cet aspect, le porte-parole du gouvernement ne manque pas d’objection.
« Depuis 1995, quand le 10 janvier tombe sur un vendredi, qu’est-ce qu’on fait ? La fête a toujours lieu non ? Et ce qui ne peut pas être fait vendredi, si c’est un autre jour qu’on le fait, ils le font non ?» interroge le porte-parole du gouvernement. Pour lui, « ça ne changera pas ».
Wilfried Léandre Houngbédji dit compter sur les fidèles des religions traditionnelles qui « savent très bien s’organiser ».
« Ce sont des gens bien outillés, bien organisés qui savent si la fête tombe sur tel jour, ce qu’il faut faire le jour d’avant, ce qu’il faut faire le jour d’après. Et si éventuellement, ils doivent faire un sacrifice propitiatoire, ils savent s’y prendre. Donc, il n’y a aucune inquiétude à avoir à cet égard » a-t-il assuré.