A Madagascar, les violeurs d’enfants seront désormais soumis à la castration chirurgicale. Une mesure sévère controversée mais jugée dissuasive face à la recrudescence des viols d’enfants. « Le décret fixant les modalités d’application de la peine de castration chirurgicale a été adopté » mardi 27 août par le gouvernement. Le président Andry Rajoelina avait promis « une politique pénale plus sévère » face à la récidive.
La castration chirurgicale frappera désormais les auteurs de viols sur un enfant de moins de 10 ans et aussi les violeurs d’enfants âgés entre 10 et 18 ans. La castration chimique, elle, a été abandonnée. La Haute cour constitutionnelle (Hcc) estimait en février 2023 qu’ « ayant un caractère temporaire et réversible », elle ne répond pas à la volonté de « neutraliser définitivement les prédateurs sexuels et de diminuer le risque de récidive ».
« Cruelle », « inhumaine »
Bien que l’intention du gouvernement soit bonne, l’adoption de la castration ne fait pas l’unanimité. Amnesty International l’avait jugée « cruelle », « inhumaine » et « incompatible avec les normes internationales relatives aux droits humains ». Nciko wa Nciko, le conseiller pour Madagascar de l’Ong renchérit que « La castration cause un préjudice grave et irréversible. Ce texte sur la castration équivaut à la promotion de la torture et au traitement dégradant et inhumain ». « Il va à l’encontre des dispositions de la constitution malgache et des obligations que Madagascar a au niveau régional et international ».
Mais le gouvernement ne fléchit pas. « Ce durcissement des peines infligées aux auteurs de viol sur enfant est pris pour lutter contre la recrudescence des viols sur l’île. Avec ces peines graduelles, en fonction de l’âge des victimes, on protège beaucoup plus les enfants », rétorque la ministre de la Justice, Landy Randriamanantenasoa. Quant aux commentaires évoquant la violation des conventions internationales, elle objecte que le « Madagascar est un pays souverain qui a parfaitement le droit de modifier ses lois […] dans l’intérêt général du peuple. »
Une enquête de l’Unicef révèle que 15% des filles de 15 à 19 ans ont été victimes de violences sexuelles.