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Banikoara, miroir des divisions régionales face au terrorisme

Par Sêmèvo Bonaventure AGBON
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Une ombre sinistre a assombri cette année les Vodun days et a failli inhibé son succès : le massacre de 30 soldats béninois à Banikoara le 8 janvier, victimes d’une attaque lâche perpétrée par des terroristes venus du Burkina Faso. Une question brûlante hante désormais les esprits : «Que nous veulent-ils ?» Sur les réseaux sociaux comme dans les médias, les Béninois, incrédules et désarmés, cherchent des réponses.

Le massacre de 30 soldats béninois. Le tribut le plus lourd jamais payé par le Bénin depuis que le terrorisme s’est rapproché de ses frontières. Mais que révèle réellement cette tragédie ? Lors de la réunion de crise convoquée en urgence par le chef de l’État, un constat accablant a émergé : l’absence des forces armées des pays voisins au point triple a laissé le Bénin exposé, offrant un boulevard aux assaillants.

Ce drame rappelle une vérité douloureuse : la lutte contre le terrorisme ne peut tolérer l’isolement. Malgré les nombreuses initiatives sous-régionales – Initiative d’Accra (dont le Bénin est à l’origine), l’ex-G5 Sahel, ou encore la Force Multidimensionnelle Mixte – les résultats peinent à suivre le rythme des attentes.

Ces mécanismes, bien que prometteurs, souffrent de maux profonds : manque de coordination, financement insuffisant, instabilités politiques dans certains pays membres et influences étrangères toxiques. La conséquence ? Une avancée exponentielle du terrorisme, aujourd’hui à nos portes, menaçant des nations autrefois épargnées comme le Bénin.

Mais le problème ne s’arrête pas là. La fracture entre régimes démocratiques et militaires dans la région affaiblit la riposte collective. L’exemple le plus frappant reste la dénonciation, en septembre 2023, par les autorités militaires nigériennes de l’accord de coopération militaire avec le Bénin. Cotonou fut accusé, sans preuve tangible, de complicité avec des forces étrangères hostiles. Résultat : un affaiblissement stratégique au point triple, un terrain laissé libre à l’ennemi commun.

Des succès de façade ?

Le terrorisme prospère sur nos divisions. Face à un ennemi aussi mobile et transfrontalier, les égoïsmes nationaux n’ont pas leur place. La priorité doit être une coopération militaire effective et coordonnée entre le Bénin, le Niger et le Burkina Faso. Si le Sahel reste la base arrière des djihadistes, l’absence de synergie dans la riposte ne fait qu’accentuer la vulnérabilité des voisins, dont le Bénin qui a beaucoup investi dans sa sécurité ces dernières années.

Il est surprenant en tout cas de constater que le terrorisme continue de ravager des pays comme le Togo et le Bénin, alors même que les régimes militaires sahéliens revendiquent, jour après jour, des prouesses militaires. Pourtant, il est bien connu que ces mêmes pays servent de bases de repli aux terroristes. D’où viennent alors ces hordes qui sèment le deuil au Bénin et au Togo ? Sans remettre en cause leurs acquis militaires sur le terrain, c’est la preuve que nul ne peut vaincre le terrorisme seul.

Par conséquent, il est grand temps que ces dirigeants reviennent à la raison et acceptent une coopération sincère, dénuée d’arrogance et de condescendance, telle que le demandent des voisins comme le Bénin. Chaque jour perdu à tergiverser, c’est un jour de plus où le terrorisme gagne du terrain – au prix de vies humaines.

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