L’Ecole doctorale pluridisciplinaire – Espace culture et développement (Edp) de l’université d’Abomey-Calavi (Uac) a enregistré mardi 21 janvier, une nouvelle admission au grade de Master en Lettres modernes. L’impétrant, Jules Lokonon a étudié « L’esthétique du théâtre total dans Trône vide » du metteur en scène Germain Iroko Ouédraogo Oussou.
« Il s’agit pour moi de voir tous les divers éléments qui ont été convoqués par le metteur en scène pour passer d’un texte dramatique, écrit à la base, à un spectacle qui intègre diverses disciplines artistiques dans une certaine harmonie, pour susciter dans le rang des spectateurs, diverses sortes d’émotions »,
Jules Lokonon, diplômé de Master en Lettres modernes.
Ce challenge, Jules Lokonon se l’est imposé au regard de la richesse et la qualité du travail du metteur en scène. Le document scientifique qu’il a soumis au jury, analyse l’esthétique du théâtre total dans la pièce. L’impétrant a assisté à diverses représentations dudit spectacle. Il a ainsi observé des éléments internes à la représentation qui en fondent le caractère « total ». Il s’agit entre autres « des [autres] formes de théâtre » – le conte théâtralisé et le théâtre rituel par exemple – qui ont été « incorporées » dans la représentation de « Trône vide ».
A cela s’ajoutent toutes les autres disciplines mises à contribution, la littérature (orale), l’art plastique, la musique et la danse « d’inspiration traditionnelle surtout ». Le candidat a aussi relevé diverses émotions suscitées par la présentation dudit spectacle auprès de l’audience. Il va au-delà, pour étudier le contexte de création de la pièce. Et en conclue que l’ensemble de ces éléments réunis fondent le caractère total de la pièce.
Perspectives
La qualité du travail, la démarche méthodologique et la présentation ont séduit le jury. Ce dernier lui attribue la note 17 sur 20 avec la mention Très bien. Jules Lokonon n’entend toutefois pas s’arrêter en si bon chemin. Germain Iroko Ouédraogo Oussou est un « ami » avec qui il a fait les bancs. Il a donc pu observer le parcours de l’homme dans l’univers théâtral béninois. Un chemin qu’il fait aux côtés des grands noms du théâtre et du théâtre total, dont le metteur en scène Alougbine Dine.
Le peu de travaux scientifiques sur le théâtre total au Bénin, Jules le perçoit comme une opportunité. Celle de « réaliser un travail panoramique » sur les œuvres de l’artiste. Il s’agira notamment, nous a-t-il confié, d’analyser le fonctionnement de l’esthétique du théâtre total dans les créations de Germain Iroko. Puis étendre ses recherches aux autres metteurs en scène dont notamment « les aînés ».
« Le trône est toujours vide »
« Trône vide » raconte l’histoire d’un roi qui n’a pour seul progéniture qu’une paire de jumeaux. Et donc, seuls prétendants au trône. Comment assurer la succession quand on sait qu’en Afrique et particulièrement au Bénin, il n’est pas bien de favoriser un jumeau au détriment de l’autre ? Que la distribution entre les jumeaux suit une logique égalitaire ?
Son auteur y soulève la question du pouvoir et de la gouvernance en Afrique. Il estime qu’une grande partie de la population ne se sent pas toujours concernée par la gouvernance en place. De plus, une ‘’véritable occupation du trône’’ suppose « l’unité » entre les citoyens. Donc une « véritable unité africaine » quand on transpose la création dans nos réalités. Ainsi regrette-t-il que « le trône (soit) toujours vide » après plus de 7 ans qu’il a eu cette inspiration. Surtout au regard des récentes divisions qu’a connu l’Afrique.
Germain Iroko Ouédraogo Oussou voit à travers ce travail scientifique réalisé sur son œuvre, « un honneur ». Le « spectacle très émouvant », mérite que tous le voient. « Malheureusement, faute de subventions, (il) n’est pas régulièrement offert au public », déplore Lokonon. « C’est un spectacle difficilement transportable, à cause d’abord de l’effectif colossal que cela nécessite en termes d’acteurs », mais également de la logistique, a-t-il confessé. Et l’auteur de l’œuvre le confirme. En effet, rappelle-t-il, « Trône vide a été créé de 2017 à 2021 ». Il lui a coûté un investissement de plus de 3 millions Fcfa.
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