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Upao : Jean Roger Agness devient premier docteur en Théologie, après 99 ans d’existence

Par Sêmèvo Bonaventure AGBON
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Upao – Université protestante d’Afrique de l’ouest boucle un siècle d’existence en 2024. Son premier docteur en théologie systématique a soutenu sa thèse mardi 14 novembre 2023. Il s’agit du pasteur ivoirien Jean Roger Agness.

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L’Upao a son premier docteur entièrement formé à Porto-Novo. La thèse défendue par l’impétrant Jean Roger Agness porte, en effet, sur le thème : « Pro-existence du Christ comme fondement de la promotion humaine : Essai de christologie à partir du rite Eb-Eb du pays Odjoukrou en Côte d’Ivoire ».

« Mon souci est de proposer une catéchèse» afin que les Africains puissent «passer d’une foi transportée à un accueil personnel, une appropriation mentale, spirituelle, culturelle, historique globale de la personne et de l’Evangile de Jésus- Christ dans leur rencontre avec Dieu».

La détermination du nouveau docteur résulte nettement d’un triste constat. à savoir que, étonnamment «l’on assiste de plus en plus, au plan qualitatif, à un attiédissement de la foi dans les communautés ecclésiales et à une décroissance des membres au plan quantitatif». Ceci contrairement à “la faveur et la ferveur nouvelles que connaissent de plus en plus les rites de ce peuple notamment, le rite Eb-Eb».

Le pasteur chercheur s’interroge alors. «Pourquoi les chrétiens odjoukrou bien que promus par les sacrements de l’Eglise accourent-ils encore vers les rites initiatiques ? probablement, ces chrétiens trouveraient dans leurs rites l’expression d’une plénitude de vie à travers les phases successives de promotion de l’individu qu’ils ne percevraient pas clairement dans leur expérience chrétienne», déduit l’impétrant. 

D’où « Ce qui m’a inspiré ce thème, ce sont les aspirations profondes des Edjoukrou concernant la vie et la survie», confie Jean Roger Agness à Bénin Intelligent. En effet, dit-il, «le peuple Edjoukrou a un système initiatique qui est comme un processus qui permet à l’homme d’aller de meilleur à meilleur. Et c’est cela qui m’a poussé à examiner la parole de Dieu, pour voir qu’est-ce que la parole de Dieu propose par rapport à ce rite».

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Cette recherche, poursuit-il, «m’a permis de développer une christologie pour amener le peuple Edjoukrou à trouver la véritable signification de sa promotion en Jésus-Christ », justifie Jean Roger Agness.
« Je pensais qu’être chrétien c’est refouler sa culture. Aujourd’hui je comprends que Dieu est l’initiateur de ces cultures », avoue celui qui a reçu la « Mention Très honorable avec les Félicitations du jury ».

Le peuple Edjoukrou, observe Jean Roger Agness, conçoit Dieu comme un « Dieu éloigné ». Ce qui les « amène à plus se confier aux esprits comme intermédiaires ».
Toutefois, Docteur Jean Roger Agness rejette toute diabolisation systématique des cultures africaines. « Je suis plus ouvert à la contextualisation », assume le pasteur ivoirien. Car « Chaque culture a des valeurs et trouve ses répondants chez les autres ».

«L’on assiste de plus en plus, au plan qualitatif, à un attiédissement de la foi dans les communautés ecclésiales et à une décroissance des membres au plan quantitatif».

Entre critique de forme et de fond, le jury de cinq membres a salué « une bonne thèse ». Un « travail à la hauteur de l’encadrement dont il a bénéficié » à la Faculté de Théologie et des sciences religieuses, apprécie le pasteur Kponjesu Amos Hounsa, examinateur. « Quelle que soit l’évangile, notre ‘’ontos’’, notre être africain doit exister », renchérit le professeur, par ailleurs président de l’Epmb.

De son côté, le professeur Jean-Claude Hounmènou, qui préside le jury a salué les remarques et observations visant à améliorer la qualité du travail. Celui-ci avait à ses côtés, les professeurs-pasteurs Kponjesu Amos Hounsa, Marcellin Sètondji Dossou, Célestin Kiki, Cossi Simon Dossou (ancien président de l’Epmb) et Franck Agbi-Awume.

Connaître l’Upao

99 ans d’existence, un seul docteur ? Le recteur l’explique ainsi : « Parce que pendant longtemps nous avons formé nos théologiens en synergie avec d’autres institutions étrangères», répond le Rév. Prof. Marcellin Sètondji Dossou.
En la matière, il se cite d’ailleurs en exemple. «Moi j’ai été formé au Cameroun par exemple. Nous formions nos étudiants ailleurs parce qu’il fallait que nos enseignants atteignent des grades qui leur permettent d’enseigner à ce niveau », ajoute le recteur de l’Upao.

L’Upao est une institution confessionnelle d’enseignement supérieur à caractère scientifique. Elle est sous la tutelle de quatre Églises d’Afrique dont l’Eglise évangélique presbytérienne du Togo. Sans oublier I’Église méthodiste du Togo, l’Epmb et l’Église protestante méthodiste de Côte d’ivoire.

L’Upao offre des formations en Théologie aux candidats venant de toutes les Eglises de la sous-région. Elle se positionne comme « un laboratoire de la formation théologique des élites d’aujourd’hui et de demain». 

L’Upao espère l’autorisation du ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique pour ouvrir une école doctorale pluridisciplinaire.

 

Le jury

Président : Jean-Claude Hounmènou, psychopédagogue, professeur titulaire des Universités du Cames

Rapporteur et directeur de thèse : Marcellin Sètondji Dossou, professeur titulaire de Théologie systématique

Examinateurs

Cossi Simon Dossou, professeur titulaire d’hébreu biblique et d’Exégèse de l’Ancien testament

Célestin Gb. Kiki, professeur titulaire de Théologie pratique

Franck Agbi-Awume, professeur titulaire de Grec biblique et d’Exégèse du Nouveau testament

Kponjesu Amos Hounsa, professeur titulaire de Grec biblique et d’Exégèse du Nouveau testament

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