Lionel Ogoudjobi Attere va à la quête de ses origines. Artiste visuel pluridimensionnel, il traduit ses connaissances et sa perception de sa culture d’origine, à travers une expression artistique qui lui est propre. Du 20 mars au 13 avril, il a exposé sa collection « Ogun » – Héritage en français – à l’hôtel Maison rouge à Cotonou. L’exposition offre un regard panoramique sur la reconnaissance du rôle et de la place « importante » de la femme dans les sociétés africaines. L’artiste, sans pour autant se revendiquer féministe, donne un témoignage fort du féminisme calqué sur les valeurs culturelles africaines.
Dans la salle de l’exposition Ogun, éclairée par une lumière tamisée, se déploie une kyrielle de tableaux. Au centre de la pièce, une installation. Un masque Guèlèdè disposé sur le sable, matérialise la « Iyami », « Reine-mère » en Yoruba. Elle porte sur sa tête une bassine contenant du riz – marchandise – et un lot de livres bien plus visibles que le riz. La scène symbolise la capacité des femmes à acquérir, voire porter le savoir.
Dans les sociétés africaines, on a tôt fait de déscolariser les filles en raison de difficultés académiques. Lionel Attere interpelle sur le fait de réduire la tête des femmes à des « porteuses de marchandises ».
En lisant les tableaux de la droite vers la gauche, le premier présente une scène de danse des Egungun, et des femmes chantant leurs louanges. Le tout posé sur un plateau de Guèlèdè. A travers ce représentation, L’artiste s’impose un devoir de mémoire. Rappeler aux visiteurs que les femmes ont de tout temps eu une place de choix dans les sociétés africaines, et même dans la sphère spirituelle. C’est d’ailleurs ce qu’il exprime à travers le tableau « Iya-Agan ».
Seule femme qui a accès aux espaces les plus secrets du culte Egungun, son identité reste voilée en raison de la charge spirituelle que porte sa responsabilité. Elle est l’une des personnes les plus importantes du couvent, mais ceux qu’on voit le plus, c’est les Egungun. Lionel Attere lui rend un vibrant hommage en la peignant en avant plan. Et les Egungun, les plus visibles, passent pour une fois en arrière-plan. Même si ce n’est que sur un tableau d’art.
Bien plus encore, Lionel Attere rend « hommage à toutes les femmes ». Elles dont, à l’image de sa mère, le sacrifice favorise mieux-être et prospérité pour leur foyer ainsi qu’à leur société.
Aux sources des cultures africaines
L’exposition « Ogun » est le fruit de 2 projets. Le premier est la suite de l’exposition « Matriarcat » présentée il y a quelques mois à l’Institut français. Le second, porte sur une série de peintures corporelles immortalisées par la photographie. A travers cette série, l’artiste voudrait reconnaitre les divinités de l’aire culturelle Yoruba dont il provient. Et aider les visiteurs à se reconnecter à ces être spirituels qui régissent la vie des sociétés Yoruba. Et bien plus visibles avant l’arrivée des religions étrangères. Le travail de Lionel Attere répond donc à une dynamique de « reconnexion avec (ses) origines », de « retour aux sources ».
LIRE AUSSI :
- Expo universelle Osaka 2025 : Le Guèlèdè va à la rencontre du théâtre Kabuki
- Promotion des industries culturelles et créatives : Cotonou, capitale du rire en décembre
- Préserver les glaciers : Un enjeu vital pour notre survie, selon le Dr Flavien Dovonou