Le couperet est tombé. Paulin Akponna n’est plus ministre de l’Énergie, de l’Eau et des Mines. La décision, rendue publique par le secrétariat général du gouvernement, met fin à un bail de seulement six mois à la tête de ce ministère stratégique. Mais l’affaire est loin d’être à son terme : une suite judiciaire pourrait bien s’enclencher.
L’expert-comptable, membre du Bloc Républicain (BR), a provoqué la tourmente lui-même cette semaine. À Parakou, lors d’une rencontre politique, il a affirmé face à des militants tout ouïe, que « des dizaines de milliards » destinés à l’accès à l’eau potable auraient été détournés sous son prédécesseur.
Une sortie alors aux airs d’alerte citoyenne. Paulin Akponna ne devrait-il pas alors être encouragé ? A-t-il menti ? Pourquoi le procureur ne diligente-t-il pas une enquête après une révélation aussi grave ? En tant que ministre, Akponna a certainement vu et lu des choses et ne pouvait pas faire une déclaration aussi grave juste pour du buzz.
Ce sont là les interrogations qui inondent la toile. Mais une clarification vient d’émerger du gouvernement. « Le Président de la République considère que si les propos tenus par M. Akponna ne relèvent pas d’une logique de guerre de leadership politique, alors il doit être délié de toute obligation de réserve ou de solidarité gouvernementale, afin d’apporter toutes informations utiles à la justice », explique le porte-parole du gouvernement, Wilfried Léandre Houngbédji.
«M. Akponna n’avait adressé aucun rapport au Chef de l’État ou au gouvernement faisant état de malversations qu’il aurait découvertes depuis sa prise de service. Le cas échéant, évidemment, cela aurait bénéficié de la plus haute attention afin que la justice en soit saisie aux fins d’enquête et de procès si nécessaire.»
Wilfried Léandre Houngbédji
Ni rapport ni note d’information. Seulement des propos, livrés sur une scène politique. Son parti, le BR, embarrassé, s’est empressé de se désolidariser de son propre ministre. Et le chef de l’État a tranché. Selon une source proche du secrétariat général du gouvernement, M. Akponna est relevé de ses fonctions pour « se mettre à la disposition de la justice ». Une manière, sans doute, de lever tout obstacle juridique à une éventuelle audition. «Cela participe de la doctrine “tolérance zéro à la corruption et à la mauvaise gouvernance” du PR Talon et de son gouvernement».
Loin d’un désaveu personnel, c’est le principe donc de cohérence institutionnelle qui est invoqué. En plus de cette doctrine, s’ajoute celle du devoir de signalement : si malversations il y avait, pourquoi ne pas avoir alerté en bonne et due forme ?
Six mois seulement après son ascension fulgurante à la tête de ce ministère, son départ est tout aussi fracassant. Paulin Akponna, s’en va sur fond de polémique et de malaise politique, qui révèle les lignes de fracture entre parole publique et responsabilité gouvernementale.
1 Commentaire
Cela dénote de la non maîtrise de la communication politique.