Le forum Notre futur – Dialogues Afrique-Europe s’est ouvert jeudi 6 juin au Palais des congrès à Cotonou. Jeunes et acteurs de la société civiles venus de plusieurs pays de l’espace francophone portent pendant 3 jours leurs réflexions sur la place de la langue française dans nos sociétés aujourd’hui.
La 6e édition du forum Notre futur – Dialogues Afrique-Europe réunit pendant 3 jours, des experts, chercheurs, artistes, activistes entrepreneurs et jeunes engagés autour du thème « Le français pour quoi faire ? ». Ce thème permet de questionner l’intérêt qu’il y a aujourd’hui à comprendre et utiliser la langue de Molière. Il donne aux participants l’occasion d’explorer les enjeux et défis de la langue française dans les sociétés d’aujourd’hui.
« Nous avons besoin de vous pour être des hommes et des femmes absolument décomplexés en ce qui concerne la langue française dans nos territoires, pour contribuer à tous les échanges que nous aurons, pour faire barrage et barrière aux endroits ou aux espaces de non-dits pour qu’ensemble nous puissions construire une relation vraie, fiable et durable pour notre futur. »
Giovanni HOUANSOU, membre du Comité éditorial
C’est par ces mots que Giovanni Houansou et ses compagnons de l’équipe éditoriale du forum, ont lancé les activités de ce grand rassemblement international.
LIRE AUSSI :
Le français pour quoi faire ? : Un forum d’échange sur les enjeux de la langue en Afrique
Dahomey : Une archive cinématographique de la restitution des trésors royaux
Un discours révolutionnaire
Il est difficile de parler du français aujourd’hui dans les sociétés africaines sans rappeler le passé commun. Mais surtout douloureux pour les africains. D’abord l’esclavage, puis la colonisation et aujourd’hui le néocolonialisme sous toutes ses formes. La question que soulève le thème de cette édition vient donc à point.
La première journée du forum s’ouvre sur une tribune où des leaders donnent leur opinion sur la question. Le français pour quoi faire ?
Les uns y voient un instrument d’intégration, favorisant la communication. Un moyen de briser les barrières linguistiques entre les peuples en établissant entre eux un pont. Parlant de pont, Jessy Lombale Bare estime que le français constitue un atout pour le monde des affaires. D’autres, estiment toutefois qu’il faut pousser la réflexion plus loin. « Je parle français, pas oublier ma culture. Je parle français, pas pour oublier mon identité », déclare Auriole Taboue, étudiante et slameuse béninoise.
Sur la question de l’identité, elle a le soutien du slameur panafricaniste béninois Kmal Radji. Dans un discours incisif et révolutionnaire, celui-ci a rappelé que la langue française a été « imposée » aux africains. Puis soulevé la perte d’identité suivie du dédain de certains ainés pour cette langue qui rappelle « douleurs » et « amertume ».
Pour lui, il est avant tout question que les « occidentaux » reconnaissent aux peuples africains, leur place dans « l’histoire ». Et donc cessent de considérer leurs langues comme des « patois » et qu’ils respectent leurs cultures et leur « souveraineté ».
Redéfinir les bases
A quoi sert une langue si elle ne peut être assumée ? C’est à cette interrogation que se résume l’intervention de Carmen Toudonou, journaliste et écrivaine béninoise. A quoi sert donc la langue française si même les français n’osent l’assumer lors des rendez-vous internationaux multilingues ? « Défendez la francophonie un peu plus vigoureusement dans les forums internationaux », a-t-elle interpelé en lien avec une expérience qu’elle a vécue.
Répartis en plusieurs groupes thématiques, les acteurs ont été appelés à exprimer leur perception du français. Ses opportunités mais aussi ses défis. Surtout en cette époque marquée par l’expansion d’un discours anti-français. Un atelier a d’ailleurs abordé « comment délier la relation à la langue française de la relation à la France ». Un autre aborde la création d’un « institut pour les langues ». Les participants ont analysé « Comment construire une relation qui permette aux langues locales de coexister concrètement avec la langue française ».
Les échanges vont permettre d’explorer quatre enjeux structurants pour l’avenir de la langue française en Afrique. Il s’agit avant tout de « la langue française entre propriété et appropriation ». Mais également de sa place dans le dialogue social et politique, dans le milieu professionnel et les activités économiques mais aussi dans le champ de la créativité et de l’expression culturelle.
LIRE AUSSI :
Cherté du maïs : Ce que Djogbenou a dit et pourquoi il a raison
Lutte contre le terrorisme : La force peu valorisée des femmes