Une fois de plus, la route a tué. Un drame évité de justesse, mais qui rappelle l’éternel problème de l’incivisme routier au Bénin. L’accident survenu vendredi 27 juin au carrefour Iita à Abomey-Calavi est venu s’ajouter à la longue liste de tragédies routières qui endeuillent les familles. Si l’état des routes a souvent été pointé du doigt, il est temps d’ouvrir les yeux sur la véritable cause : l’indiscipline des usagers et le laxisme ambiant.
Ce vendredi, un camion de 40 pieds transportant des sacs de maïs a fini sa course, renversé sur une piste cyclable, après avoir perdu le contrôle. Le conteneur, mal fixé selon les premiers témoignages, a dangereusement basculé, frôlant le drame absolu. Les chauffeurs ont pris la fuite, laissant les passants sous le choc selon les mêmes sources.
L’enquête ouverte par la police permettra peut-être de faire toute la lumière sur les circonstances exactes. Mais les hypothèses avancées — défaillance technique, conteneur mal arrimé, ou encore inexpérience des conducteurs — pointent toutes vers une cause plus large : l’incivisme routier et la négligence.
Pendant longtemps, les mauvais états de la chaussée ont servi de bouc émissaire. Pourtant, de nombreuses tragédies auraient pu être évitées si les règles les plus élémentaires de sécurité routière étaient respectées. Pourquoi continue-t-on de faire circuler des véhicules hors d’usage ? Pourquoi tolérer l’excès de vitesse en plein centre urbain ? Et comment expliquer que des adolescents de moins de 18 ans conduisent des poids lourds, alors que la loi impose un âge minimum de 21 ans pour obtenir le permis C ou C1 adapté à ces véhicules ?
Ces dérives, devenues monnaie courante, révèlent un profond dysfonctionnement dans la gestion de la sécurité routière, et interpellent aussi bien les autorités, les transporteurs que les citoyens.

La répression ne suffit pas
Au Bénin, la répression est souvent le premier réflexe face aux comportements déviants. Pourtant, elle s’avère inefficace lorsqu’elle n’est pas précédée d’une sensibilisation pédagogique et bien ciblée. Le cas du port du casque en est une parfaite illustration : des usagers verbalisés s’interrogent encore sur le bien-fondé de l’amende, convaincus que leur propre vie est la seule concernée. Ce raisonnement traduit une incompréhension totale de la logique de sécurité collective.
Une politique de communication plus pédagogique, qui explique les raisons et les enjeux des règles en vigueur, permettrait sans doute une meilleure adhésion des populations. Sensibiliser avant de punir, voilà le mot d’ordre qui doit désormais guider l’action publique.
Le drame de janvier 2023 aurait dû être un électrochoc. L’heure n’est plus aux discours de circonstance mais à l’action. Il est urgent de mettre en place une véritable stratégie nationale d’éducation routière, de renforcer les contrôles techniques des véhicules, et surtout de responsabiliser les conducteurs dès leur formation. L’occasion pour les usagers de prendre les dispositions idoines avant de mettre leurs engins en circulation. Et pour les autorités, le moment de repenser la pédagogie des sensibilisations.
L’incivisme routier au Bénin n’est pas une fatalité. C’est un comportement collectif qu’il est possible de corriger, à condition d’y mettre les moyens, la volonté politique et une implication de tous les acteurs. On ne saurait continuer de laisser les vies suspendues au rythme de l’incivisme des usagers et d’une politique repressive mal pensée.
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