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Boni Yayi dénonce une « politique d’exclusion » et un « plan de déstabilisation »

Par Sêmèvo Bonaventure AGBON
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L’ancien président de la République, Dr Thomas Boni Yayi est enfin sorti de son silence. Mercredi 29 octobre, il a délivré un message à la nation via les réseaux sociaux numériques.

Cette intervention fait suite à sa rencontre, le 24 octobre, avec son successeur, Patrice Talon et à l’invalidation, par la Cour constitutionnelle, de la candidature de son parti, Les Démocrates, à la présidentielle d’avril 2026. La rencontre entre les deux hommes étaient très scrutée. Mais aucune bribe n’avait été divulguée.

Dans sa déclaration audiovisuelle, Boni Yayi a affirmé avoir explicitement demandé à Patrice Talon « de tout mettre en œuvre en vue de la participation du parti “Les Démocrates” » aux élections générales de 2026. Il déplore que cet appel soit resté sans suite. En effet, dans le même sens que la Cena, la Cour constitutionnelle a entériné l’invalidation de la candidature du parti pour insuffisance de parrainages valides.

Pour Boni Yayi, le gouvernement mène une « politique systématique d’exclusion » depuis 2016. Il estime que cette exclusion de la principale formation d’opposition va « à contre-courant de notre édifice démocratique » et viole les engagements internationaux du Bénin en matière de droits de l’homme .

Autre point saillant de sa sortie : l’ancien président alerte sur un « vaste plan de déstabilisation » en cours. Il accuse le pouvoir de procéder, dans le cadre de ce plan de déstabilisation, au « débauchage » de hauts responsables et de députés de son parti « sur une base d’intimidation, de promesses d’incitation financière et de menaces de tous genres ».

Selon lui, le président Talon veut « en finir avec l’opposition ».

« Avec l’échange que j’ai eu avec le président Talon, je retiens que selon lui, tout le monde doit être à la mouvance autour de lui. Selon lui, plus de démocratie, plus d’opposition au Bénin. »

Toutefois, le président du principal parti de l’opposition privilégie le dialogue politique. Il a lancé un appel aux forces vives de la nation et a sollicité les prières des Béninois alors qu’il poursuit sa convalescence.

Integralité de l’adresse de l’ancien président Boni Yayi à la nation

Mes chers compatriotes,

Comme vous le savez, j’ai rencontré le président Patrice Talon, président de la République, le vendredi 24 octobre 2025, en ma qualité d’ancien président de la République. Je lui ai demandé de tout mettre en œuvre en vue de la participation du parti ”Les Démocrates”, parti d’opposition aux élections générales de 2026, les élections législatives et communales de janvier 2026, ainsi que l’élection présidentielle d’avril 2026. Le parti Les Démocrates du Bénin est l’une des composantes de l’opposition au Bénin.
Ce parti anime la vie politique dans le respect du cadre légal à la suite de la réception de son récépissé en décembre 2020. Ses activités s’inscrivent dans le cadre de la loi n°2019-45 du 25 novembre 2019 portant statut de l’opposition en République du Bénin.

Cette loi se situe dans le carré de la loi n°2018-23 du 17 septembre 2018 portant charte des partis politiques en République du Bénin.

Le parti ”Les Démocrates” a donc une existence légale et est représenté au Parlement depuis 2023.

Depuis 2016, le régime du parti au pouvoir a mis en œuvre une politique systématique d’exclusion contraire aux lois de la République qu’il a lui-même votées et promulguées. Hormis l’année 2023 où ”Les Démocrates” ont pris part aux élections générales dans les limites d’exclusion de certains militants du parti, la politique d’exclusion est restée constante.

Mes chers compatriotes,

L’exclusion de l’opposition et de LD de la présidentielle d’avril 2026 vient à contre-courant de notre édifice démocratique issu de la Conférence nationale des forces vives de février 1990. Elle viole les principes de la démocratie et des droits de l’homme tels que définis par la Charte des Nations unies de 1945 et la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948. Ces exclusions répétées contreviennent également à l’attachement du Bénin à la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples adoptée en 1981 par l’Organisation de l’unité africaine, aujourd’hui organisation de l’Union africaine.

Mes chers compatriotes,

De nos entretiens avec le président Talon, je retiens que celui-ci renonce progressivement à faire du Bénin un état de droit et de démocratie soucieux du respect des droits fondamentaux, les libertés publiques, la dignité de la personne humaine et de l’individu garantie, protégée et promue comme condition nécessaire au développement véritable et harmonieux de chaque Béninois tant dans sa dimension temporelle que culturelle et spirituelle.
Il s’agit là d’une violation fondamentale de notre Constitution du 11 décembre 1990 même révisée en 2019 par le régime de la rupture.

Seul le peuple, les forces politiques, la société civile et les confessions religieuses peuvent, dans un cadre de dialogue politique, de conférence nationale ou de référendum assumer le virage de la vision de notre édifice démocratique.

Mes chers compatriotes,
Avec l’échange que j’ai eu avec le président Talon, je retiens que selon lui, tout le monde doit être à la mouvance autour de lui. Selon lui, plus de démocratie, plus d’opposition au Bénin.

Il se déroule en ce moment un vaste plan de déstabilisation, de débauchage d’un certain nombre de hauts responsables et de députés du parti ”Les Démocrates” au profit de la mouvance sur une base d’intimidation, de promesses d’incitation financière et de menaces de tous genres. Ce plan qui se déroule en ce moment où je m’adresse à vous prend malheureusement l’allure d’un élan mettant à mal notre unité nationale. A travers la mise en œuvre de ce plan visant la disparition du parti ”Les Démocrates”, le président exprime ainsi sa volonté d’en finir avec l’opposition, d’en finir avec le parti Les Démocrates et de détruire notre édifice démocratique.

La loi portant statut de l’opposition et celle portant charte des partis politiques en République du Bénin sont ainsi dangereusement violées.

Mes compatriotes,

Par ma présence à vos côtés, je vous suggère de privilégier le dialogue politique dans la résolution de cette crise politique, démocratique et électorale que traverse notre pays.

Dans ma retraite sanitaire, pour poursuivre mes soins, je sollicite vos prières pour m’accompagner.

En union de prières, restons connectés à l’espérance.

Remettons-nous à notre Dieu, le Grand Créateur, car Lui seul peut tout, et sa volonté s’accomplira dans notre patrie commune, le Bénin.

Dieu bénisse le Bénin.
Je vous remercie.

Transcription: Sêmèvo Bonaventure AGBON

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