Créée par un décret gouvernemental, l’Association nationale des praticiens de la médecine traditionnelle du Bénin (Ana.Pra.me.Tra.B) veut faire autrement les choses. Après une Assemblée générale constitutive, les tradithérapeutes ont obtenu leur récépissé en tant qu’association conformément à la loi 1900 régissant la création des associations en république du Bénin. Le samedi 27 novembre, ils ont organisé un congrès électif à Bohicon à l’issue duquel un nouveau bureau a été mis en place avec à sa tête le tradithérapeute Calixte Ade.
Par Raymond FALADE
Enregistrée sous le n° 2019/066/MISP/DC/SGM/DAIC/SCM/SA, l’Association nationale des praticiens de la médecine traditionnelle du Bénin (Ana.Pra.me.Tra.B) rénovée, a pour principaux objectifs, ‹‹de collaborer efficacement et dignement avec les agents de la médecine moderne, vulgariser la médecine traditionnelle en mettant à la disposition des masses des connaissances simples et efficaces et de réaliser les recherches scientifiques dans le domaine de la médecine traditionnelle en étroite collaboration avec les organismes compétents››. C’est une Ana.Pra.me.Tra.B nouvelle formule, qui met en pôle position les vrais acteurs non seulement pour la défense des tradithérapeutes mais également pour une véritable promotion de la médecine traditionnelle. En témoignent les grandes innovations inscrites dans les nouveaux textes de l’association adoptés lors de l’Assemblée générale du samedi 27 novembre. Entre autres, la création d’un secrétariat technique permanent, des postes de trésorier général adjoint chargé de la logistique, de secrétaire à l’autonomisation des femmes et aux affaires sociales et d’un poste de président d’honneur. ‹‹Le président assure la direction globale de la chose d’accord. Mais il va falloir qu’il y ait des acteurs clés, des hommes techniques qui sont des connaisseurs du domaine et qui peuvent accompagner. Nous avons donc innové. Dans cette innovation, il y a le secrétariat technique permanent qu’on a mis dans le système. C’est une véritable machine de développement à l’intérieur de l’association›› a déclaré le président de l’Ana.Pra.me.Tra.B Calixte Ade.

Calixte Adé‚ président de l’Ana.Pra.me.Tra.B
Les occupants de chacun de ces nouveaux postes ont un rôle important à jouer pour le bien fonctionnement de l’organisation et pour son efficacité. ‹‹Le trésor national, il avait trop de charges. On a pensé à cela et on a un trésorier adjoint mais qui a une tâche ponctuelle à faire. Ce n’est plus un trésorier adjoint et c’est fini. Non! Le trésorier adjoint à une mission spécifique. Il s’occupe de la logistique›› a-t-il expliqué. Selon Calixte Ade, le poste de secrétaire à l’autonomisation des femmes et aux affaires sociales a été créé pour corriger une injustice. Il a fait savoir qu’au Bénin, il y a beaucoup de tradipraticiennes et qu’il faut que ces dernières puissent se prendre en charge. ‹‹Quand vous allez dans certaines localités, il est difficile d’autoriser la femme à faire de la médecine traditionnelle où bien elles le font mais on n’aime pas les mettre dans les bureaux. Pourtant c’est des valeurs. Nous avons par exemple des psychiatres, des gynécologues de haut niveau traditionnel. Alors, il faut donner de la valeur, de la place à ces femmes là par les formations, les accompagner à être comme nous les hommes à pouvoir raisonner sans attendre forcément les hommes. Elles peuvent le faire. Encore que si on les donne ce pouvoir, leur mari c’est très souvent des tradipraticiens. Donc, ils vont se compléter›› a-t-il justifié. Quant au président d’honneur, il a été institué pour donner des orientations à l’association puisque désormais, l’État n’est plus l’initiateur. Selon Calixte Ade, le président d’honneur n’est pas forcément quelqu’un qui a des milliards ou des millions. ‹‹Les conseils, les orientations qu’il va donner, ça peut nous aider›› a-t-il précisé.
Aussitôt née, l’Ana.Pra.me.Tra.B déjà sollicitée
Après cette assemblée générale, l’Ana.Pra.me.Tra.B a été déjà sollicitée pour prendre part à certaines formations. Il a participé à une formation de 72 heures à Cotonou, organisée par une structure du ministère de l’Intérieur qui s’occupe de la lutte contre la drogue au Bénin. ‹‹Pourquoi donc cette formation? Il fallait cela parce que tout médicament est drogue. Quand vous abusez de l’utilisation des médicaments et que vous dépassez la limite, vous êtes tombés sous le coup de la drogue. Cela peut vous créer des insuffisances soit rénales soit les hépatites et autres. Donc, les spécialistes, les techniciens nous ont indiqués que les plantes que nous utilisons doivent être des plantes rationnellement étudiées. On ne peut pas se dire qu’on est connaisseur et que c’est fini›› a informé Calixte Ade. Pour les années à venir, le nouveau bureau entend donner un nouveau souffle à l’association. Pour y parvenir, des contacts de partenariat seront conclus pour l’atteinte des objectifs. Ceci, avec les institutions publiques et privées ainsi que des organismes internationaux. ‹‹Moi je suis en train d’ouvrir une diplomatie. La diplomatie, c’est d’aller vers les autorités, les institutions, les partenaires d’abord sociaux, ministères, les directeurs départementaux de la santé même au niveau de la justice›› a confié le président de l’Ana.Pra.me.Tra.B.
Ainsi donc, Calixte Ade a invité les membres de l’association à faire du sérieux. Pour lui, sans le sérieux, les autres acteurs de la médecine traditionnelle qui hésitent encore ne les rejoindront point. ‹‹Moi-même en tant que président de l’association, je veille au grain pour éviter de nos rangs des actes qui pourraient compromettre nos actions sur le terrain›› a-t-il promis. Par ailleurs, il a rassuré que ‹‹Tous ceux qui hésitent encore reviendront à la maison mère››. Ceci, grâce à leurs différentes actions sur le terrain. ‹‹Nous allons sortir du concret, du digeste et l’État même nous dira oui, là, c’est la référence” a-t-il soutenu.
Pour l’année 2022, le président de l’Ana.Pra.me.Tra.B a annoncé de grandes perspectives. En attendant une feuille de route bien définie, Calixte Ade a confié que l’association soutiendra l’État par rapport à certaines maladies et leur saison en ce qui concerne les recettes faciles pour leur prévention. ‹‹Nous travaillons déjà dans les coulisses pour ça. Dans deux ans, dans cinq ans, l’Ana.Pra.me.Tra.B va préparer des éléments qui vont sortir des médicaments “Made in Benin”, où il y aura que des prospectus fon, nago ou yoruba, mina, Adja, Dendi, Ditamari” a-t-il confié. Il a fait savoir que les tradithérapeutes seront des acteurs dans leur localité et à travers leur contribution, ‹‹ils vont ajouter de la plus-value aux ressources communales››.