Larred-Uac du Prof. Amouzouvi : Une thèse de Florentin Kokou décrit l’Église de Banamè

La série de soutenances de dix thèses a démarré au Larred-Uac dirigé par le professeur titulaire Dodji Amouzouvi. La première journée du lundi 31 octobre a connu deux programmations au nombre desquelles, la thèse de Florentin Bessan Kokou ayant pour sujet « Et ils disent qu’ils sont dààgbovi ! Socio-histoire d’une communauté religieuse au Sud-Bénin ».

Par Sêmèvo Bonaventure AGBON

« La Très Sainte Église de Jésus-Christ de Banamè » objet de curiosité scientifique. Après plus d’une décennie d’existence mouvementée, Florentin Bessan Kokou y consacre une thèse de doctorat.

Le travail de plus de trois cent pages a été soumis, lundi, à l’appréciation d’un jury international présidé par Pr Hedible Sidonie Clarisse (Président) avec Pr Dodji Amouzouvi comme rapporteur et trois examinateurs, à savoir Pr Kouvon Komi et les docteurs (maîtres de Conférences) Jacques E. Aguia Daho et Padabo Kèlèm Tata.

LIRE AUSSI:

Florentin Bessan Kokou s’est donné pour objectif de décrire l’histoire sociale de l’Eglise de Banamè. En tant que nouveau mouvement religieux au Bénin, elle en a bien une à l’instar des autres communautés religieuses. Le thésard a donc approché au cours de son investigation quatre-vingt (80) informateurs. Ils sont constitués aussi bien des fidèles, prêtres, évêques et cardinaux de la « Très Sainte Eglise de Jésus-Christ (dààgbovi) », que des fidèles, prêtres, évêques de l’Église catholique romaine.

Relations conflictuelles

De la triangulation des données de terrain, l’étudiant en vient à la conclusion que « l’avènement de la Très Sainte Église de Jésus-Christ de Banamè relève de la volonté de Dààgbo elle-même (Esprit-Saint) ». Institution religieuse autonome, « elle est apparue dans un contexte sociopolitique et religieux désespérant. Elle dispose d’une son organisation sociale et prosélytiste qui instaure entre elle et l’Église catholique un double sentiment de menace et de persécution », relève Florentin Bessan Kokou.

LIRE AUSSI: Exercice illégal d’activité de microfinance : Au Bénin‚ ‘’dieue’’ en difficulté

Comme on peut s’y attendre, cette thèse jugée originale et d’actualité par le jury, revient maintes fois sur les relations pas toujours conviviales entre Banamè et d’autres confessions. « Ce nouveau mouvement religieux dans son évolution entretient des rapports en lien avec l’économie, la politique et la culture, laborieux parfois conflictuels avec les autres communautés religieuses (…) Sa position vis-à-vis des cultures locales et chrétienne relève davantage d’un affrontement que d’un schisme », écrit-il.

S’il est une qualité, Florentin Bessan Kokou reconnaît à la « Très Sainte Église de Jésus-Christ de Banamè » l’honnêteté voire le courage d’une proximité avec la politique. « Il est important de noter que ce mouvement religieux contrairement aux autres communautés religieuses a très tôt et sans détour affiché et assumé sa dimension politique », insiste Kokou.

L’exemple le plus illustre, est la déclaration publique de soutien de Daagbo, la cheffe de cette Eglise à Patrice Talon, alors candidat à la présidentielle en 2016. Parfait Tchranvoukouni à l’état civil avait appelé tous ses « fils » à voter pour lui contre Lionel Zinsou. A ce jour, ce soutien est demeuré.

Enfin, Florentin Bessan Kokou a aussi montré que « cette communauté religieuse développe des stratégies économiques, financières et marchandes pour son expansion laissant entrevoir un puissant ‘’marché de la religion’’ » tel que développé par le professeur titulaire en sociologie religieuse, Dodji Amouzouvi dans sa thèse de doctorat soutenue en Allemagne en 2005.

LIRE AUSSI: Église de Banamè : Une méprise Catholique devenue boulet

Florentin Bessan Kokou s’en est sorti avec la mention Très honorable et les félicitations du jury international. La toge lui a été portée et il est désormais docteur du Laboratoire d’analyse et de recherche Religion‚ espaces et développement (Larred) de l’Université d’Abomey-Calavi.

Le Larred est à sa 17ème promotion de docteurs.