Fin en apothéose pour le dialogue politique de trois jours clôturé samedi 12 octobre dernier. Les discussions qui se sont déroulées dans une harmonie inespérée, ont débouché sur des propositions désormais laissées sur la table du président Talon pour suite à donner en vue de l’apaisement de la tension sociopolitique.
Par Sêmèvo Bonaventure AGBON
Élections générales anticipées en 2020 ; prochaines lois des finances ; libération de certains prisonniers et abandon des poursuites contre certaines personnes. Au bout de trois jours, les délégués des partis politiques légalement reconnus ont pu accorder les violons quant à ces quatre points.
Plus clairement, ils se sont entendus, le compte rendu du rapporteur Victor Topanou, sur la nécessité de favoriser tous les partis politiques à participer aux élections prochaines. Pour cela, le toilettage des textes électoraux (charte des partis politiques et code électoral) a été retenu. Aussi, concernant les listes de candidature, la responsabilité personnelle des candidats doit être désormais engagée non les partis politiques lorsque le candidat figure sur plusieurs listes (doublons) ou soit il est purement enlevé. Le quitus fiscal et le principe des 10% sont également maintenus même les modalités devront être définies. Les délégués ont, pour ce qui concerne l’existence juridique des formations politiques, souhaité que le ministère de l’Intérieur se limite dans son rôle administratif. Que la loi sur le financement des partis politiques soit vite votée fait aussi partie de leur souhait.
La promotion de la femme a également intéressé les participants au dialogue. Dans ce sens, une proposition a été faite pour une discrimination positive en faveur de leur représentativité.
Talon satisfait
« C’est dire, mesdames et messieurs, que c’est avec grand bonheur que je viens de suivre et de recevoir le rapport de vos assises dont les conclusions me convainquent une fois encore, que nous sommes un grand peuple, et que nous savons nous montrer à la hauteur des attentes de nos compatriotes. », a déclaré Patrice Talon à la cérémonie de clôture du dialogue. Pour lui, la classe politique n’est pas incapable. Il lui suffit de vouloir et surtout, de prioriser l’intérêt du pays pour opérer des révolutions salvatrices. « Il nous suffit de le vouloir et de nous mobiliser pour développer ensemble une autre idée du Bénin, et en faire notre Grande Cause ; la seule qui détermine notre engagement et nos actions », a-t-il soutenu. Il a aussi salué l’ambiance conviviale qui a prévalu tout au long des travaux. « Permettez-moi de vous avouer que mon étonnement et ma fierté ont été au plus fort quand il m’a été rapporté que vos discussions intenses et parfois passionnées se sont déroulées les trois jours durant, dans une ambiance de courtoisie et de convivialité inespérées. »
Quoique que l’application des lois sur le système partisan aient causé du chagrin à certains, il a fait observer, heureusement, que les partis présents au dialogue n’ont pas remis en cause la pertinence de cette réforme qui ne vise qu’à renforcer le rôle des partis politiques d’envergure nationale. Les réformes, à leur début, font toujours suer, a-t-il argumenté. « Il en va ainsi des réformes. Un temps elles paraissent prématurées, un autre elles semblent pertinentes ou urgentes, un temps encore elles paraissent dépassées et nécessitent des réaménagements. C’est le signe qu’elles sont les réponses aux préoccupations des époques qui les font naître, et qu’elles n’ont pas vocation à s’imposer éternellement. Seul le Bénin est éternel. »
Enfin Talon a promis une bonne suite aux recommandations issues du dialogue modéré par Dorothée Sossa. « C’est pourquoi, les propositions d’amélioration aux textes que vous avez formulées, feront l’objet d’une appréciation attentionnée de la part de mon Gouvernement qui, je vous le réaffirme, prendra toutes les responsabilités qui sont les siennes. Il en sera de même en ce qui me concerne personnellement », a-t-il rassuré.
Quelques impressions à la fin des travaux du dialogue politique
Claudine Afiavi Prudencio, présidente du parti Udbn : « Le Chef de l’Etat a vu juste en nous invitant… »
« Je sors ragaillardie de ces trois jours de travaux. Le Chef de l’État a vu juste en nous invitant ici pour le dialogue politique. Je suis restée du début jusqu’à la fin des travaux, parce que nous sommes à un tournant décisif de l’histoire politique de notre pays. Dans la salle, l’ambiance était vraiment empreinte de respect mutuel, de liberté d’expression et de sens aigu de patriotisme. Nous avons franchement échangé entre acteurs politiques sur les vraies questions du moment et de l’avenir de notre Nation. Nous avons exploré tous les leviers à actionner pour faire baisser la tension dans le pays et aussi pour convenir d’un renforcement assez consensuel de la réforme du système partisan. Ce qui importe, c’est le Bénin. Cela s’est senti dans les travaux. Je souhaite que le seul parti qui n’a pas répondu à l’appel trouve les moyens de rencontrer le Chef de l’État pour échanger avec lui.
Ce que l’Udbn a toujours prôné, c’est la paix. Et je pense que la mise en œuvre des conclusions du présent dialogue contribuera à la préservation de cette paix. Le rapport est remis au Chef de l’État. Je sais qu’il est un homme de parole et il saura faire ce qui est bien pour le pays. Nous l’encourageons et le soutenons dans ses efforts pour le développement du pays ». (Cell.com Udbn)
Théophile Yarou, secrétaire exécutif national adjoint, Fcbe : « C’est tout le peuple béninois qui espère que les conclusions de ce dialogue seront mises en œuvre… »
Tout en saluant et qualifiant de « discours d’espoir » l’intervention de clôture du dialogue du président Talon, le secrétaire exécutif national adjoint des Fcbe, Théophile Yarou a confié à Bbc que le parti voudrait garder la posture de ‘’Saint Thomas’’, espérant donc la suite que le Chef de l’État donnera aux recommandations. « C’est tout le peuple béninois qui espère que les conclusions de ce dialogue seront mises en œuvre et que le climat politique sera rapidement décrispé pour que la paix et la quiétude reviennent », a-t-il déclaré, rapporte Banouto.
