Le président français Emmanuel Macron a vanté lundi, les mérites des forces militaires françaises qui interviennent en Afrique dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. Lesquelles forces, quoique souvent considérées comme ”inefficaces” pour certains africains, auraient permis à ce jour à certains pays d’exister encore, selon Macron.
Par Raymond FALADE
«Si la France n’était pas intervenue, si nos militaires n’étaient pas tombés au champ d’honneur en Afrique, si (les opérations militaires) Serval puis Barkhane n’avaient pas été décidées, nous ne parlerions aujourd’hui ni de Mali, ni de Burkina Faso, ni de Niger», a déclaré Emmanuel Macron lors de la conférence annuelle des ambassadeurs tenue lundi 28 août à Paris.
«Ces États n’existeraient plus aujourd’hui dans leurs limites territoriales», a-t-il insisté. Et de souligner que la France est intervenue au Sahel à la demande des pays concernés.
Seulement, le locataire de l’Élysée fait visiblement économie de vérités sur les interventions militaires en Afrique. Des révélations de diplomates et médias, ces dernières années, il ressort que Paris a parfois forcé la main comme au Mali où le gouvernement n’avait demandé qu’un appui aérien dans sa lutte contre les colonnes de terroristes qui fonçaient alors sur Bamako.
Pire, sur une chaîne de télévision, une source bien introduite révélait que la demande d’intervention adressée à la France n’avait pas été «rédigée par une main malienne», autrement, tout a été préparé par Paris, quitte à y mettre des termes à elle avantageuses, voire en déphasage avec les besoins de l’État souverain présumé demandeur.
Tension avec Niamey
Emmanuel Macron ne pouvait se taire sur les relations tendues actuellement avec Niamey. Paris a toujours condamné le coup d’État qui a renversé Mohamed Bazoum le 26 juillet, et exigé le retour à l’ordre constitutionnel. Un zèle qui vaut à la France d’être accusée d’instiguer en réalité les sanctions de la Cedeao.
Des sanctions (blocus économique) qui n’ont pas fait plier la junte. Les militaires déroulent sans “crainte” leur agenda politique malgré les sanctions et la pression de la Cedeao, de l’Union africaine et d’autres grandes puissances dont les États-Unis.
La tension est davantage montée en intensité lorsque Niamey a ordonné vendredi 25 août, à l’ambassadeur de France au Niger de quitter le pays dans les 48 heures.
«La décision des putschistes d’expulser l’ambassadeur de France est une nouvelle provocation qui ne peut aucunement aider à trouver une solution diplomatique à la crise actuelle», a dénoncé lundi la porte-parole du service diplomatique de l’Union européenne, Nabila Massrali.
Dimanche 27 août, l’ultimatum venait à expiration. L’ambassadeur Sylvain Itte n’a pas obéi et a dès lors trouvé refuge dans la base militaire française. «Notre ambassadeur à Niamey restera malgré les pressions des putschistes. Nous poursuivrons notre politique ferme à l’égard du Niger, qui consiste à ne pas reconnaître les putschistes et à soutenir Bazoum », a juré le président Macron.
Emmanuel Macron se montre très chaud pour l’usage de la force contre Niamey. Il fait une prédiction alarmiste en cas de faiblesse des chefs d’État de la sous région. «Si la Cedeao lâche Bazoum, tous les dirigeants du groupe seront en danger» au nom de ce qu’il appelle «épidémie de putschs».
Alors que le président Bazoum est toujours détenu (plus d’un mois déjà) la forte mobilisation populaire pro-putsch reste l’une des équations difficiles qui complexifie l’hypothèse d’une intervention militaire en cas de l’échec de la diplomatie.
L’opinion refuse de croire à la raison officielle de défense de la démocratie. « Il ne faut pas mentir. On ment quand on laisse croire aux gens qu’on veut aller au Niger pour réinstaller Bazoum dans un fauteuil démocratique. C’est faux ! Ce n’est pas pour cela qu’on va… », a dénoncé mardi 22 août, l’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo.
Au Niger, la France s’accrocherait, au vrai, à des intérêts stratégiques. La société française Orano (ex Areva) exploite par exemple le gisement de minerai d’Arlit avec un contrat d’exploitation jusqu’en 2050. L’uranium nigérien est aussi très essentiel pour les réacteurs nucléaires français. Sans compter la présence de 1500 soldats de la force Barkhane dont le départ est devenue l’une des revendications tenaces de la rue.
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