Resté « vacant » pendant « 200 ans et 6 mois », le trône du roi Adandozan d’Abomey a enfin retrouvé son ”Assiata” depuis peu. Sa majesté Adandozan Gbèdonounkoun Xèmankoun siège désormais sur le trône de son aïeul. Samedi 30 novembre dernier, sur le site du palais privé du roi Adandozan à Adamè il a réuni les descendants et notables de plusieurs collectivités royales pour une cérémonie de prière en hommage à Adandozan et pour la paix au Bénin.
«Nous avons rendu hommage à la mémoire de notre aïeul, le roi Adandozan pour implorer paix et prospérité sur ses descendants et le royaume. Nous avons également prié pour la paix au Bénin. Et aussi pour que le chef de l’Etat soit toujours inspiré pour continuer les œuvres réformatrices qu’il a entamées». Sa majesté Adandozan Gbèdonounkoun Xèmankoun explique ainsi l’objectif de la cérémonie d’hommage organisée ce samedi. Elle a réuni les descendants de ce grand roi.
Depuis l’éviction de leur aïeul, les fils et petits-fils du roi Adandozan se sont dispersés, obligés parfois de cacher leur origine. Beaucoup ont dû changer de patronyme, par peur de représailles. À ce monarque au parcours pourtant élogieux, l’histoire a également collé des récits tout aussi barbares qu’inhumains. Récits « faux », déplorent ses descendants. « Adandozan a été un roi réformateur mais malheureusement oblitéré», rectifient-ils.
« C’est Adandozan qui a pour la première fois dit non à l’esclavage », explique Sa majesté Abodé Sèxwi Dako-Donou. « C’est également lui qui a fait la promotion de la culture du palmier à huile », poursuit-il. Ses réformes lui ont valu l’inimitié de ceux dont il nuisait aux intérêts au profit de l’intérêt supérieur du royaume, selon son descendant. Obligé de vivre reclus, Adandozan n’a toutefois pas marchandé son aide pour la formation et l’initiation de plusieurs autres monarques qui ont siégé sur le trône de Houégbadja dans le Danxomè. Il a même œuvré à l’initiation du roi Tofa 1er du royaume de Xogbonou, restitue la postérité.
La réhabilitation tant attendue
Son humilité, son ouverture d’esprit, son dévouement pour l’intérêt supérieur de la nation, sa fermeté et sa combativité à nulle autre pareil, sont des qualités que ses descendants retrouvent en l’actuel Chef de l’Etat Patrice Talon dont la gouvernance gêne les intérêts personnels de plus d’un, mais qui impactent positivement le développement de notre pays. Au nom de tous les descendants de ce roi réformateur, son successeur au trône, sa majesté Adandozan Gbèdonounkoun Xèmankoun Atindjozin appelle tous les fils et filles du royaume du Danxomè et du Bénin tout entier à s’« unir pour construire ce pays qui est le nôtre ».
Le roi Adandozan apparaissait comme le mouton noir qui entachait l’histoire du Danxomè. Mais cela, « il n’en est rien. Et tout le monde le sait », confie Adandozan Gbèdonounkoun Xèmankoun. Toutes les tentatives de réhabilitation de l’honneur de ce roi sont restées vaines. Du moins jusqu’en 2016. « Sous le règne du président Kérékou, nous avons engagé les démarches. Mais elles n’ont pas abouti », explique-t-il. Des efforts réitérés sous les gouvernances successives des présidents Soglo et Yayi. Mais sans succès.
« C’est à l’avènement du président Patrice Talon qu’il a de nouveau élevé le nom de Adandozan ». Et son emblème figure désormais dans la liste des rois d’Abomey. Grâce à cette réhabilitation, les descendants du monarque ont vu leur dignité restaurée. « Nous pouvons désormais venir sur la terre de nos ancêtres avec fierté », se réjouit Mathurin Adandozan, venu de Dogbo Honton. Sa majesté Abodé Sèxwi Dako-Donou salue quant à lui l’initiative. Il appelle tous les enfants d’Abomey à l’unité. Il est certain que « nous devons rester ensemble pour construire le Bénin ».

Choisi !
Joseph Ayadokoun est désigné « depuis 1958 pour siéger sur le trône » de son aïeul, sa majesté le roi Adandozan. Chrétiens catholiques, son père et lui se sont opposés au choix des notables de la famille Ayadokoun. Et ce, malgré les prédictions du Fâ qui l’a formellement désigné. De retour au pays 30 ans après son séjour à l’étranger, les consultations se confirment à nouveau.
Malgré ses réticences, Joseph Ayadokoun finit par céder. Il deviendra Dah Adandozan Gbèdonounkoun Xèmankoun. Depuis son intronisation, il a œuvré pour la restitution et à la reconstruction du site du palais privé du roi. Sur les « 42 hectares » de départ, seulement « 1 hectare 20 » lui ont été rétrocédés. Sur le site il a entrepris la reconstruction du palais privé du roi Adandozan qui était autrefois palais privé du roi Agonglo. Il y a réhabilité « l’entrée du palais, le Asɛnxô, et le Adjalala ».
Dah Adandozan Gbèdonounkoun Xèmankoun a en projet de construire également le « Jɛxɔ », le palais proprement dit et la clôture du site. Il appelle le soutien du chef de l’Etat et des autorités en charge de la culture et du tourisme pour l’aider dans cette œuvre.
Car estime-t-il, « la construction du palais du roi Adandozan constitue une étape cruciale de la réhabilitation de la mémoire de ce roi d’Abomey ».
Reconnaissants !
L’adresse particulière de Dah Adandozan Gbèdonounkoun Xèmankoun à l’endroit du président de la République ne tient pas seulement du travail de restauration faite à l’endroit du premier dépositaire du trône qu’il occupe. Il lui est reconnaissant pour l’œuvre globale de développement en cours dans le pays. Du tourisme à la culture, en passant par l’économie, l’agriculture, le numérique et le digital… Les infrastructures et tous les domaines de la vie socio-économique du pays trouvent un nouveau souffle sous l’action de Patrice Talon. Le chef de l’Etat fait la fierté de Dah Adandozan Gbèdonounkoun Xèmankoun. Et il le lui a bien rendu à travers les prières et hommages à son encontre, samedi dernier à Abomey.


LIRE AUSSI :
- [Sagesse du Fâ] Aklanfotroukpin : Exprimer la vérité, libération au bout du péril
- Toilettes scolaires : «Eau Afrique» fait un diagnostic sévère et sonne la mobilisation
