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Fraude, piquage, rançonnement : Des pratiques qui saignent la Sbee et les honnêtes abonnés

Par admin
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Vol d’énergie, rançonnement, fraude au branchement. La Société béninoise d’énergie électrique (Sbee) fait face à de nombreuses pratiques illégales qui affectent gravement ses prestations. Dans cet entretien, Thierry Codo, Directeur de l’éthique et de la conformité de la Sbee, lève le voile sur les formes de vol d’énergie les plus courantes, les secteurs les plus impliqués, les mécanismes de rançonnement, ainsi que les mesures prises pour les réprimer. Une plongée dans les coulisses d’un fléau qui coûte cher à la Sbee et aux consommateurs.

Journaliste : Directeur, dites-nous ce qu’est le vol d’énergie

Thierry Codo : Le Code pénal définit le vol comme étant la soustration frauduleuse de choses appartenant à autrui. Donc on peut définir le vol d’énergie comme la soustraction frauduleuse d’énergie appartenant à la Sbee. La Sbee étant la société distributrice d’énergie électrique.

Quels sont les différents types de vols auxquels est exposée la Sbee ?

Il y a les vols de matériel à travers les actes de vandalisme, des postes de distribution construits par la Sbee. Parfois les gens prélèvent le transformateur, les cellules, les disjoncteurs.

Ensuite il y a le vol d’énergie, donc des prises de courant avant-compteur, soit prise de courant par intervention sur le mécanisme de sorte à réduire la consommation. Mais je voudrais donner une précision. Actuellement on observe au niveau des meuniers une forte propension à la fraude.

Ce type de fraude se manifeste souvent par des piquages avant-compteur. Vous allez chez eux, vous allez voir le compteur est là. Mais en réalité le compteur ne compte rien parce qu’ils procèdent à des piquages avant le compteur.

Donc le compteur ne compte rien. Et il privilégie, ces temps-ci, rien que les compteurs à prépaiement. Parce que pour les compteurs à facture, le releveur est tenu d’aller relever l’index du compteur.

Or pour les compteurs à prépayement, c’est peut-être une fois par an que le releveur se rend chez le client pour aller relever l’index affiché au compteur en fin d’année pour pouvoir permettre à la Sbee de faire son bilan. Donc au niveau des meuniers, il y a une forte propension de piquage. Il y a également les interventions sur le mécanisme qui ne sont plus légion parce qu’ils savent que quand la Sbee vient avec son appareil de mesure, on détecte ça facilement.

C’est surtout les cas de piquage chez les meuniers. Il y a les ateliers de soudure, il y a les scieries, les bars, les restaurants et parfois des ménages aussi. Parfois même les gens, ils s’habillent, ils portent les uniformes de la Sbee.

Parfois c’est les gens qui ont travaillé à la Sbee une fois et puis ils ont gardé les attributs de la Sbee. Normalement, le technicien de la Sbee doit pouvoir porter son uniforme avec l’insigne de la Sbee et un badge. Vous pouvez interpeller.

Si vous voyez les cas comme ça, vous pouvez prendre le numéro du véhicule. Parce que parfois, vous allez voir avec des véhicules de la Sbee, mais c’est les gens qui sont venus pour voler. Quand bien même vous voyez que c’est un véhicule de la Sbee, vous pouvez prendre le numéro du véhicule.

Cela nous permettra après de pouvoir identifier les intéressés.

Du coup, comment se manifeste le vol d’énergie de manière plus pratique ?

Le vol d’énergie se manifeste de deux types. Il y a la prise d’énergie avant compteur qu’on appelle piquage.

Donc, il y a le vol d’énergie à travers le piquage direct sur le réseau de la Sbee. Ensuite, le vol d’énergie par intervention sur le mécanisme des appareils de comptage. Donc là, le mécanisme du compteur est trafiquoté de sorte à réduire la consommation.

Parlez-nous du rançonnement

Ces derniers temps, le rançonnement a pris une forte propension. Pourquoi ? Depuis quelques années, le gouvernement a décrété l’énergie pour tous.

Ainsi, les prix des compteurs monophasés deux fils de 5 à 10 ampères ont été réduits de la centaine de mille à 20 000 francs. Donc, les 20 000 francs sont détaillés comme suit. À la demande, le client paye 10 000 à controlec pour que le controlec aille vérifier les installations intérieures du client et délivrer ensuite un certificat de conformité. Et c’est à la suite de la délivrance de ce certificat que le client ira payer les 10 autres milles à la Sbee qui ira ensuite poser le compteur. Ce ne sont pas tous les types de compteurs. Ce sont les compteurs monophasés 5 et 10 ampères.

Au-delà des monophasés 5 et 10 ampères, c’est les tarifs normaux pour tous les autres types de compteurs. Dès lors que le gouvernement a décrété l’énergie pour tous et que la Sbee a baissé le prix du compteur de 5 à 10 ampères, il y a eu une forte demande. Et donc, pour faire face à la demande, la Sbee a dû contracter avec des sociétés qui ont recruté, elles aussi, des prestataires.

Et donc, comme le prix, au lieu de 100 milles que payait avant le client, c’est 20 milles, les gens, on les rançonne. Au lieu de payer 20 milles à la Sbee, ils disent vous payez peut-être 50 milles ou 70 milles ou 100 milles. Ce qui fait que comme le prix a baissé à la Sbee, on va chez le client pour dire si vous ne payez pas parce qu’il faut aller mouiller les chefs à la Sbee pour qu’on puisse faire diligence.

Et donc, à toutes les étapes du processus de raccordement, le client est rançonné depuis la demande de devis jusqu’à la pose du compteur. Il en est le même lors des dépannages. Vous avez fait la demande de devis du compteur de 5 à 10 ampères, mais vous ne payez pas de frais.

Avant, on payait 2 360, mais si vous voulez faire une demande de devis d’un compteur de 5 à 10 ampères, c’est sans frais. Il suffira juste de présenter votre pièce d’identité en cours de validité et une copie de l’ifu pour faire la demande de devis de branchement.

Il y a des préoccupations qui reviennent très souvent concernant les charges fixes que les clients payent. A quoi servent-elles de façon concrète ?

Les charges fixes, c’est les charges que les clients payent habituellement, même s’ils ne consomment pas. Mais elles servent à entretenir les installations intérieures.

Par exemple, si le compteur est défectueux, la Sbee procède à son remplacement sans frais. Si le disjoncteur aussi est défectueux, c’est la même chose. Si le câble de raccordement qui quitte le poteau pour le compteur est défectueux, la Sbee le remplace sans frais.

Il en est le même des panneaux ou des coffrets. Donc, les charges fixes, qu’on appelle communément frais d’entretien, ce ne sont pas des charges pour dépoussiérer le compteur ou pour enlever les toiles d’araignée.

Comment est-ce qu’un client peut savoir à quelle catégorie de compteur il doit souscrire ?

Avant de se rendre à la Sbee, le client doit s’entendre avec son électricien, l’électricien bâtiment.

C’est compte tenu de ses chages que son électricien lui indique le type de compteur à prendre. Donc, si vous avez par exemple des climatiseurs, des appareils électroménagers, des frigos et tout, vous ne pouvez pas solliciter un compteur simple 10 ampères.

Quels sont les signes qui permettent aux citoyens de détecter un vol d’énergie ?

Ce n’est pas aussi simple, sauf si vous suivez la consommation.

Si par exemple, vous êtes colocataire et que vous voyez que la personne dispose d’un climatiseur et qu’il n’achète que peut-être par mois 1 000 francs ou 2 000 francs, alors que dans les 2 000, il y a les charges fixes qu’il faut payer. Donc, si vous avez un compteur de 10 ampères, monophasé, les charges fixes s’élèvent à 1 180. Et si vous achetez 2 000 francs de crédit par mois, ça veut dire que vous payez d’abord les 1 180 et le reste, c’est pour l’achat de crédit.

Ça fait environ 900 et puis vous avez un climatiseur. Donc, ça là, ça pose problème. Mais si vous n’avez pas ces informations-là, vous ne pouvez pas savoir.

Ou bien, vous voyez les factures de votre colocataire. Vous, vous avez peut-être un frigo, une télé, vous payez peut-être 10 000 ou 7 000. Mais lui, il a plus d’appareils électroménagers et climatiseurs et il ne paye pratiquement rien.

C’est peut-être 2 000 ou 3 000. Là, il faut se poser des questions. Mais parfois, là, c’est peut-être que le compteur aussi est défectueux de lui-même.

Là, ce n’est pas de la fraude. La Sbee va procéder à une facture de rappel de consommation au client. L’appareil de mesure appartient à la Sbee. Donc, c’est la Sbee qui l’entretient. Et si le client signale une ou deux fois et que la Sbee ne réagit pas, le client va continuer par utiliser. On ne peut pas dire qu’il est complice de vol d’énergie.

Il va prouver sa bonne fois parce qu’il est allé signaler ça à la Sbee. En dehors de ça, il y a les releveurs aussi qui sont tenus dans leur tournée de distribution de factures de signaler ces cas d’anomalie fonctionnelle.

Parlez-nous des factures de redressement.

Les factures de redressement interviennent dès lors que la Sbee constate sur ses installations, sur son appareil de comptage, le vol d’énergie.

Une prise de courant avant le compteur, ou bien qu’il y a eu intervention même sur le compteur pour pouvoir réduire l’énergie consommée. Ce constat est fait par une équipe composée des agents de la direction de l’éthique et de la conformité, d’un huissier de justice, d’un représentant de l’agence nationale de métrologie. Donc, l’huissier fait un procès verbal de constatation et l’agent de l’Anm fait également un constat à travers une fiche.

Et donc, sur la base de ces fiches-là, la Sbee rentre dans l’historique de consommation du compteur incriminé et détermine la facture de redressement. Mais je voudrais préciser que nous, nous sommes chargés juste de détecter les fraudes. Les factures de redressement sont émises au niveau de nos directions régionales qui se chargent par la suite de leur recouvrement.

Lorsque nous parlons de vol et de rançonnement, il y a certainement des sanctions. Alors, que prévoit la loi dans ces cas de figure ?

Avant de parler de la loi, nous avons le code de conduite de la Sbee qui sanctionne les actes de vol et de rançonnement. Donc, si un agent de la Sbee se livre à de ces pratiques, il est traduit devant le conseil de discipline de la Sbee, puis blâmé ou radié des effectifs de la Sbee.

Mais il y a la loi qui est au-dessus du code de conduite de la Sbee. La loi portant code d’électricité qui punit en son article 87 le vol d’énergie. Celui qui se livre au vol d’énergie encourt une peine de prison de 3 mois à 24 mois et une amende de, si mes souvenirs sont bons, 1 million à 5 millions de francs Cfa ou à l’une autre de ces peines.

Même si vous êtes agent de la Sbee et que vous volez l’énergie, la loi c’est pour tout le monde, donc vous allez subir les rigueurs de la loi. Je voudrais prier les clients de la Sbee de pouvoir dénoncer aussi bien les cas de rançonnement que de vol d’énergie. Je sais que les gens doutent beaucoup parce que parfois ils vont dénoncer et on les livre.

Il y a un numéro, il y a le 01 98 89 90 12. C’est un numéro WhatsApp. Les clients peuvent envoyer des messages écrits ou des audios à travers ce numéro pour dénoncer tous les cas, d’actes répréhensibles dont ils sont victimes.

Je les rassure que s’ils dénoncent chez nous, leur identité ne sera pas divulguée, ils seront protégés. Et puis il y a une prime de dénonciation de fraude qui s’élève à 10% de la facture de redressement.

Merci à vous.

Je vous remercie.

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