Les structures religieuses instrumentalisent-elles leurs œuvres humanitaires/caritatives au profit de l’évangélisation ou prosélytisme ? La question a intéressé Ahouélété Josué Sossou. Doctorant de la 17ème promotion du Laboratoire d’analyse et de recherche, religions, espaces et développement (Larred) il a soutenu avec brio, vendredi 28 octobre à l’Uac, une thèse sur « Don d’ouvrages d’approvisionnement en eau potable par l’Ong confessionnelle GAiN à Zè : stratégies et logiques des donneurs et receveurs ».
Par Sêmèvo Bonaventure AGBON
La question est difficile à trancher. Ce qui est certain pour Ahouélété Josué Sossou, c’est que « Le rythme du don d’ouvrages d’Approvisionnement en eau potable (Aep) à Zè s’effectue sur un fond de valorisation symbolico-religieuse de l’eau, de l’acuité du besoin d’accès à une eau potable et de persistance des maladies liées à la consommation d’eaux souillées ».
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A Zè, une commune de l’Atlantique, l’action « salvatrice » de l’Ong confessionnelle GAiN, observe Josué Sossou, contribue à réduire les écarts. « Le problème apparaît quand l’action humanitaire emprunte les couloirs de logiques et de stratégies d’expansionnisme évangélique », relève-t-il. Et donc « la frontière entre le don humanitaire et le prosélytisme s’en trouve fortement rétrécie, consacrant l’interférence du religieux dans l’action humanitaire et, partant, l’instrumentalisation d’un besoin vital à des fins de prosélytisme religieux ».
Au regard des données recueillies, Ahouélété Josué Sossou indique que les capacités impressionnantes (aux plans institutionnel, matériel, financier, humain) et les déterminants évangéliques et humanitaires imbriqués, obligent GAiN au don d’ouvrages d’Aep. Mais de leur côté, « Les bénéficiaires sont obligés de recevoir le don en raison de leurs besoins et malgré l’activisme évangélique qui s’oppose à leurs valeurs socioreligieuses ancestrales ».
Don et contre-don
Il s’ensuit, poursuit-il, des transferts identitaires et des formes de réciprocité au don reçu pour ne pas rester en état de dette. « Les retours de don se font sur l’échange de vie, de par la nature et la portée du don reçu. Ils créent ainsi de nouveaux liens sociaux avec « l’Autre » qui, un jour, a débarqué avec des techniques de mise à disposition d’eau potable et de nouvelles logiques religieuses ».
L’impétrant conclut sa présentation en insistant que « L’eau, élément naturel, devient un « passeur social » de vie, un facteur modificateur des logiques socioreligieuses par la dynamique du don et du contre-don ».
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Le jury de la soutenance de la thèse intitulée « Don d’ouvrages d’approvisionnement en eau potable par l’Ong confessionnelle GAiN à Zè : stratégies et logiques des donneurs et receveurs », est composée de Prof. Charles Babadjide (président), Prof. Amouzouvi Dodji (rapporteur) trois examinateurs que sont Prof. Yabi Ibouraïma, Prof. Kola Edinam et Dr (Mc) Aleza Sohou.
Ahouélété Josué Sossou a obtenu la mention Très honorable avec les félicitations du jury.

