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«Omettre le royaume Xwéda, c’est tourner le dos à l’histoire»

Par Sêmèvo Bonaventure AGBON
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Micheline Adjovi estime que la loi encadrant la chefferie traditionnelle au Bénin, adoptée jeudi 13 mars par l’Assemblée nationale, trahit le contexte actuel de réparation historique et de réconciliation des peuples. Le royaume Saxè des Xwéda a une belle histoire et mérite logiquement de figurer dans la liste des royaumes reconnus, soutient l’auteure de «Ouidah, fille légataire de l’Égypte antique » et « Daath Kpa-Sê, le roi fondateur de Gléxwé et grande figure de la résistance à la traite négrière » (Éditions Dagan, 2021) Elle appelle à la rectification.

«Au Bénin, c’est vrai, il y a plus de rois que de royaumes. Il était donc nécessaire de réglementer cette situation. Par conséquent, la loi encadrant la chefferie traditionnelle est la bienvenue. Seulement, parmi les 16 royaumes et chefferies retenus, une grave omission saute aux yeux : le royaume Saxè de Xwéda n’y figure pas.

Or, ce royaume existait déjà au XVe siècle, dès les années 1400. C’est sous le royaume Xwéda Kpassè que les premiers explorateurs portugais ont foulé la plage de Gléxwé. Bien que les Portugais aient été les premiers à entrer en contact avec le royaume des Xwéda, le premier fort européen construit à Gléxwé fut érigé par les Français en 1671. En 1680, les Anglais ont construit le fort William, toujours à Gléxwé, sous le règne des rois Xwéda. Les Portugais sont revenus à la charge vers 1700 et ont construit leur propre fort en 1721.

Mais comment omettre toute cette histoire ? Il s’agit de notre passé, de notre patrimoine. Nous ne pouvons pas l’effacer, ni le cacher à la postérité. Omettre le royaume Xwéda, c’est tourner le dos à l’histoire.

En 1727, le roi Agaja a conquis le royaume Saxè. Mais depuis lors, le peuple Xwéda n’a jamais cessé de résister. Aujourd’hui encore, il se réorganise pour réhabiliter son royaume, car nous sommes à l’ère de la restitution, de la réconciliation et de la réparation. Comment pouvons-nous prôner ces valeurs et, en même temps, adopter une loi qui tord le cou à l’histoire ? C’est inadmissible.

Cela ne ressemble pas au gouvernement de Patrice Talon, qui s’est toujours inscrit dans la vérité historique. Sinon, comment expliquer qu’il investisse tant d’efforts pour reconstituer Ouidah – qui est d’ailleurs une déformation de Xwéda – en un musée, tout en laissant son gouvernement exclure le royaume Xwéda de la liste des royaumes reconnus ? Cela ne lui ressemble pas.

Pourquoi tout cet investissement pour réhabiliter notre histoire, la Route des déportés, le navire Clotilda qui est en cours de restauration sur la plage de Gléxwé, si, dans le même temps, une telle erreur est commise ? Ce n’est pas dans la ligne du gouvernement de Patrice Talon. Il n’a sûrement pas eu vent de cette grave omission. Je l’espère, et j’espère surtout qu’elle sera vite corrigée.»

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