Après un mois de formation, l’École d’été sur l’Intelligence artificielle (Eeia) Junior et Senior 2025 a refermé ses portes samedi 16 août par une cérémonie de restitution organisée à la bibliothèque Bénin Excellence de Godomey. La plus grande initiative privée de formation en intelligence artificielle (IA) au Bénin a réuni cette année 55 juniors et 130 seniors venus de plusieurs pays africains, dont le Niger, Mali, Burkina Faso, Tchad, Madagascar et même le Maghreb.
C’est un rendez-vous panafricain, une tradition annuelle instaurée par la Fondation Vallet et l’association Bénin Excellence. Encadrés par des formateurs béninois et internationaux, les participants ont suivi des cours de programmation en langage Python et de machine learning. Les juniors s’en sont sortis avec 6 projets d’application impliquant un système domotique, une robot-voiture, un œil artificiel pour malvoyants, un jeu ”space war”, et une signvoice visant à aider les malentendants à communiquer.
La section des séniors s’est illustrée, elle, par le développement de dix projets concrets basés sur l’IA, chacun répondant à un besoin humain palpable, assure Michée Soudé, coordonnateur du programme.
Les solutions imaginées par les participants qui ont travaillé par groupe, vont de la reconnaissance faciale à la prédiction de la demande énergétique, en passant par la classification automatique de livres électroniques, le développement de drones de suivi, la mise au point d’un « nez électronique » capable de discriminer les odeurs ou encore le développement d’un agent conversationnel spécialisé en mathématiques, classe de 3e.
« Une chose nous a rassemblés : la flamme d’apprendre. (…) Nous avons appris à dialoguer avec la machine, à comprendre la logique derrière l’électronique. Nos formateurs ont été bien plus que des formateurs : c’étaient des mentors », a résumé le porte-parole des participants séniors, le togolais Kodjo Espoir Dossou.
Le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud), partenaire de l’initiative depuis près de cinq ans, a réitéré son soutien. Son représentant a insisté sur la nécessité de « valoriser les innovations produites et d’accompagner Bénin Excellence dans la mise en place de laboratoires d’IA dans plusieurs départements ».
De son côté, le ministère du Numérique et de la digitalisation, représenté par son secrétaire général Gaspard Datondji, a rappelé que l’Eeia s’inscrit dans la stratégie nationale de développement de l’IA. « Après cinq ans, il est temps de marquer un arrêt pour identifier les meilleures solutions, voir comment les monétiser et les aligner sur les besoins nationaux », a-t-il recommandé. Et d’exhorter ensuite les participants à « transmettre à leurs frères et sœurs ce qu’ils ont reçu, car tout ce qui n’est pas donné est perdu ».
Un engouement remarquable
Selon Dr Aliou Djialiri, directeur exécutif de l’Ong Bénin Excellence, l’Eeia demeure la plus grande initiative privée de formation en IA sur le continent. Pour Dr Esperan Padonou, directeur de la Fondation Vallet et président du Conseil d’administration de l’association Bénin Excellence, l’édition 2025 illustre d’ailleurs la montée en puissance de ce projet. « Nous sommes passés de 800 candidatures à la première édition à 8 000 cette année. La compétition pour y accéder est rude », a-t-il indiqué.
Cette 5e édition a aussi marqué le début du Programme d’appui à l’IA en milieu scolaire (Apias), une initiative du consortium Caeb -Bénin Excellence. Elle est mise en œuvre dans 15 lycées à Porto-Novo, Cotonou, Abomey-Calavi et Lokossa, où des enseignants sont formés et prêts à dispenser désormais des cours d’IA. Dr Padonou plaide que ceux-ci soient épargnés par les affectations en cours afin que le projet soit préservé et effectivement mis en œuvre.
Avec plus de 800 jeunes formés depuis la première édition, avec 75 % de pratique, les organisateurs se disent fiers du chemin parcouru. Même si leur contribution reste « modeste » face aux grands chantiers engagés par le gouvernement.
