La chanson peut-elle être une arme de persuasion massive ? L’artiste Messager Junior vient de relever ce pari audacieux. Dans un single bouleversant, il a mis en musique la lettre adressée au président Patrice Talon par la Fédération nationale des collectifs des enseignants pré-insérés du Bénin (FéNaCEPIB). Il offre ainsi une tribune mélodique à la détresse et à l’espoir de reversement en agents contractuels de l’État, de milliers d’Aspirants au métier d’enseignant (Ame).
Le morceau, intitulé “Reversement des Ame”, transcende le simple plaidoyer. Sur une mélodie qui se veut à la fois solennelle et populaire, l’artiste ne crie pas sa colère, il chante sa supplique. Les paroles, reprises mot pour mot de la lettre de la FéNaCEPIB, deviennent une prière civique, une mélopée qui grave dans les cœurs une réalité souvent confinée aux dossiers administratifs.
« Monsieur le Président, Père de la Nation, Permettez que ma voix s’élève aujourd’hui, non pas pour contester, mais pour supplier avec dignité », entonne Messager Junior d’une voix chargée d’émotion. La chanson dresse le bilan d’une attente usante : « une génération s’épuise dans l’attente. Ceux qui avaient 23 ans hier en ont déjà 30, ceux qui avaient 33 ans tutoient la quarantaine, et ceux de 43 ans portent déjà les traits du temps. » Cette phrase, simple et brutale, résume le drame humain vécu par ces enseignants précaires.
L’initiative musicale, soutenue par la Confédération des organisations syndicales indépendantes du Bénin (Cosi-Bénin), vise à élargir le combat au-delà des cercles syndicaux. Pierrot Akodjenou, l’un des porte-parole de la FéNaCEPIB, explique « Ce n’est pas une chanson de colère, c’est une prière civique. »

En passant des manifestations aux ondes radio, la cause des Ame atteint désormais le grand public. La chanson devient un vecteur d’empathie, rappelant que « dans chaque famille, dans chaque concession, il y a au moins un Ame ». Elle transforme une revendication professionnelle en une question de justice sociale qui concerne la nation entière.
La dignité en ligne de mélodie
L’objectif central du morceau est d’obtenir le reversement de tous les Ame en Agents contractuels de droit public de l’État (Acdpe), ou au minimum de ceux ayant déjà cumulé trois années de service, comme annoncé il y a trois ans. La FéNaCEPIB y voit non une faveur, mais une exigence de cohérence et de reconnaissance.
Avec ce single, Messager Junior s’inscrit dans la tradition des artistes-troubadours, porteurs des messages du peuple. Il offre une voix à ceux qui se sentent oubliés, prouvant que la culture peut être un puissant levier de dialogue social.
Le single s’achève sur refrain fort « Les enseignants Ame se plaignent, que le Gouvernement se souvienne d’eux ».