Lors de la rentrée académique 2025-2025 qu’il a ouverte, mardi 11 novembre, le recteur de l’Université d’Abomey-Calavi, professeur Charlemagne Babatoundé Igué a rendu hommage à la création, à la transmission et à ceux qui, par leur œuvre, ont façonné la mémoire intellectuelle de l’Université d’Abomey-Calavi.
Par Marius COMAKPOGNI
Parmi ces figures honorées pour leur départ à la retraite, le professeur Raymond Coovi Assogba. Chercheur, penseur et militant de la connaissance enracinée, il incarne cette génération d’universitaires qui ont donné à l’Afrique les moyens de penser par elle-même. Docteur d’État en sociologie du développement, maître de conférences des universités du Cames, Raymond Assogba a fait de la recherche une aventure intellectuelle et spirituelle.
Inventeur de la boologie, il a su établir un dialogue fécond entre la rationalité scientifique et les savoirs traditionnels africains.
« Ce temps passé à l’Université d’Abomey-Calavi m’a permis de faire des travaux. Des travaux qui ont impacté l’évolution du Bénin et du monde entier », confie-t-il.
La boologie, selon lui, repose sur une philosophie profondément enracinée « C’est véritablement une révolution scientifique. Et on ne peut pas finir par le soumettre. C’est une occasion de passer en revue ce que j’ai pu faire comme avancée scientifique au cours de mes recherches. »
Une retraite tournée vers la continuité et la création
Depuis le 1er octobre, le professeur Assogba est officiellement admis à la retraite. Mais pour lui, cette étape ne marque pas la fin du parcours. « Je suis admis à la retraite. Mais je continue maintenant de développer la boologie. »
Le campus de boologie, qu’il a fondé, constitue aujourd’hui un espace de réflexion et de dialogue entre chercheurs, étudiants et Vodunnon. Ce projet, qu’il qualifie de « dynamique vivante », est déjà implanté dans plusieurs départements du Bénin et ambitionne de s’étendre encore davantage.
« À tous mes collaborateurs c’est pour leur dire que le travail prend une haute allure. Une haute allure dans la mesure où, là où nous sommes actuellement, nous avons un contrat de coopération avec la dynastie Ainon-Hélou, pour justement construire le centre mondial des campus de boologie. La perspective est heureuse, la perspective est riche » assure l’enseignant.
Pour le professeur Assogba, cette dynamique ne s’arrête pas aux frontières du Bénin. Il parle déjà d’un centre mondial qui viendrait consolider les efforts de recherche et de transmission d’une science endogène, porteuse de sens et d’identité.
Hommage et gratitude
Homme de recherche, mais aussi de reconnaissance, Raymond Assogba a exprimé sa gratitude à ses collègues et à l’administration universitaire.
« Nous remercions tous les collègues de la sociologie et de l’anthropologie, les collègues des autres départements avec qui nous avons travaillé. Il faut surtout remercier le directeur de l’école doctorale pluridisciplinaire, et les autorités rectorales avec qui nous avons coopéré et fait beaucoup de choses ensemble. »
Pour lui, cette rentrée universitaire est avant tout une fête du savoir, un symbole de passage et de renouveau. « Aujourd’hui, c’est une fête, et c’est pour moi aussi un nouveau grade que j’acquiers : celui de passer du support institutionnel officiel à un autre support, celui d’un autre degré de coopération. »
Un héritage vivant
Dans le sillage de la conférence inaugurale du professeur Daouda Mama sur « L’eau, richesse naturelle et moteur d’innovations », la cérémonie de lancement de la rentrée académique 2025-2026 a rendu hommage à des figures dont le rayonnement dépasse les amphithéâtres.
Le Recteur Charlemagne Babatoundé Igué, par sa métaphore de la Création, a rappelé le sens profond de cette transition; contempler, reconnaître et transmettre. C’est dans ce même esprit que le Professeur Raymond Assogba, artisan de la science de la beauté, quitte l’Université, non pour se reposer, mais pour poursuivre la quête du savoir.
Son héritage est celui d’une pensée enracinée, d’une science qui parle les langues du peuple et d’un chercheur qui aura fait de la beauté une voie vers la connaissance.
