Célébrée à Ayinɔnkpɔn, l’édition 2025 de la fête de la Nouvelle igname a été marquée par un don historique d’un domaine par la Dynastie royale Ayinɔn pour l’installation du siège mondial de la Boologie. Ce geste scelle une alliance entre la tradition et la science pour le développement.
Par Marius COMAKPOGNI
La cérémonie du Nuyɔyɔ Ayinɔn, édition 2025, célébrée le 23 octobre à Ayinɔnkpɔn, a revêtu une dimension historique. En pleine fête de la Nouvelle Igname et du Nouveau Haricot, la Dynastie Royale Ayinɔn, Ahɔlu Heelu, Ahɔlu Agbanta Mayɔn Hwekpɔn, a officiellement cédé un domaine au Campus de Boologie Ong. Ce geste symbolique ouvre la voie à l’installation du siège mondial de cette institution dans la capitale Porto-Novo.
La cérémonie s’est déroulée en présence des recteurs des différents campus de Boologie, des notables et des membres de la dynastie royale. Elle s’est ouverte par la présentation du thème « Nuyɔyɔ Ayinɔn » par le guide de la famille royale, Akotegnon Germain, qui a rappelé que cette fête incarne la renaissance, la reconnaissance et la continuité des bénédictions ancestrales.
Les festivités ont ensuite été animées par une caravane à travers la localité, un symbole d’unité et d’action communautaire. Les chants, les rythmes traditionnels et la ferveur populaire ont accompagné les autorités et les invités jusqu’au lieu de consécration, où l’acte historique a été signé.
Une vision commune pour l’avenir
Dans son discours, le professeur Coovi Raymond Assogba, maître de conférences des universités du Cames et président des Campus de Boologie, a salué un tournant historique.
« Ce don marque un tournant pour la Boologie. Ce site servira de siège mondial et d’espace de rayonnement pour la science, la culture et la formation ».
Coovi Raymond Assogba
De son côté, sa Majesté Weke Tonon a qualifié l’accord signé entre les deux parties d’événement historique qui scelle une alliance durable entre la tradition royale et la recherche scientifique. « Ce partenariat symbolise un pont entre nos racines et l’avenir », a-t-il affirmé.
L’accord formalise les engagements des deux parties. La Dynastie royale met à disposition le domaine, tandis que Campus de Boologie Ong s’engage à le valoriser et à y ériger des installations dédiées à la formation, à la recherche et à la promotion des savoirs. Un comité de suivi a été mis en place pour veiller à l’application rigoureuse des clauses convenues.
En cette édition 2025 du Nuyɔyɔ Ayinɔn, la terre, la science et la foi se rencontrent donc pour écrire une nouvelle page du développement.
Unité d’enseignement
La Boologie, néologisme composé de ”Boo” (improprement traduit par ”gri-gri” en français) et ”logos” science, est une science inventée par le professeur Cossi Jean-Marie Apovo. Elle fait suite, en effet, à sa thèse de doctorat d’État soutenue en 1995, à la Sorbonne en France. Sujet : ”Anthropologie du Bo. Théorie et pratique du gris-gris”. Cette science constitue une unité d’enseignement en sociologie à l’Université d’Abomey-Calavi. Le successeur de celui-ci, Raymond Assogba en est le porte-flambeau aujourd’hui.
Le ”Bo”, l’inventeur de la Boologie le définit comme « la ruse de la pensée ». La science de la Boologie a pour objet d’étude la ‘’Bodicée’’, que Raymond Assogba explique par « les formes d’existence à partir du Boo ». La conscience populaire limite en effet, le Boo à la matière, à l’objet « qu’on peut tenir en poche » par exemple. Mais c’est bien plus, souligne-t-il. Car le Boo, a trois fonctions : servir à se protéger, avoir de la richesse (le bonheur) et répondre aux attaques.
« Selon la Boologie, Boo est un signe d’amour, un mouvement d’ensemble de défendre la dignité de l’être humain ; car, seul l’amour de secourir son frère en détresse, a poussé les Béninois à développer la connaissance des plantes et de leurs vertus en association avec les minéraux, les animaux et les émotions humaines : « è bo ari fun ».
Cossi Jean-Marie Apovo.
Par conséquent, un siège mondial de la Boologie permettra de vulgariser davantage cette science qui poursuit la reconquête du moi et des savoirs africains.
