C’est sous une fine pluie que la première fermeture diurne dans le cadre des festivités du culte Oro édition 2022‚ s’est déroulée mardi 23 août à Ita-Djèbou dans la commune de Sakété. Du lundi 22 août à 23h au petit matin de ce mercredi 24 août, femmes et hommes non-initiés se sont enfermés chez eux.
Par Raymond FALADE, de Sakété
À Ita-Djèbou, la première fermeture diurne de cette édition s’est bien déroulée. De la nuit du lundi 22 août au petit matin de ce mercredi 24 août, les personnes acquises à cette déité ont fait des manifestations dans la localité. Elles ont été marquées par des chants et danses au rythme du tambour traditionnel appelé « Agbaro » qui a résonné dans toutes les localités. Oro décrite comme du vent et donc insaisissable selon les adeptes, a résonné également.
Comme à l’accoutumée, la fermeture diurne a entrainé la paralysie des activités économiques et autres dans les localités concernées. Boutiques et magasins ont été fermés. Les cours de vacances dans certaines localités ont été suspendues. « Les apprenants reprennent le 29 août »‚ a confié une dame, parent d’élèves. Quelques boutiques et magasins ouverts ont été tenus par des hommes initiés. Ce qui permet à certaines personnes d’aller faire des achats.
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Il faut observer que la population est habituée à cette fête et se prépare alors en conséquence. « Les femmes ont déjà fait les emplettes, le minimum en prélude. Elles s’approvisionnent en eau et surtout les produits de première nécessité. Tout ce dont elles auront besoin pour les 24 heures environ à passer dans la chambre »‚ a confié un responsable du culte Oro.
À Ikpinlè dans la commune d’Adja-Ouèrè, tout se passe également bien selon certains hommes initiés rencontrés dans l’après-midi de ce mardi.
Le marché de la localité est partiellement animé. Au bord de la voie, des étalages de poissons, de pains, du piment et autres produits de première nécessité y sont installés. Ils sont néanmoins tenus par des hommes initiés en majorité des jeunes. Il y a moins de vente ont-ils fait observer. Pour cause, les femmes ont déjà le nécessaire à leurs dispositions avant le démarrage des festivités. Ceci, pour ne pas déranger les hommes le jour de la fermeture en les envoyant faire des achats. Ces hommes «n’auraient pas du temps pour cela»‚ a lancé un jeune homme. Pour cause‚ ils seront sur le « terrain pour la fête ».

Le programme des manifestations est établi de commun accord avec les autorités administratives et policières des localités concernées selon le calendrier que nous avons consulté. Pour le cas de l’arrondissement d’Ita-Djèbou dans la commune de Sakété, les manifestations démarrées dimanche 21 août, s’achèvent le mercredi 7 septembre prochain. Les journées du mardi 23 août, samedi 27 août et mercredi 7 septembre sont considérées comme des jours morts et dangereux. Car, les femmes et les hommes non-initiés ne doivent pas sortir‚ a soutenu un des responsables du culte Oro à Ita-Djèbou.
Dans les localités concernées, les dispositions sont prises pour préserver les hôpitaux afin de pas perturber les patients‚ a fait savoir un élu local. Aussi a-t-il ajouté, les journées de vendredi et de dimanche ont été également dispensées des jours de fermeture pour permettre aux fidèles musulmans et chrétiens de se rendre dans la paix et dans la quiétude à leurs lieux de culte.
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Toutefois, aucun tam-tam en dehors du tambour « Agbaro » ne devrait résonner dans les localités concernées pendant les 17 jours que dureront les manifestations‚ a confié un octogénaire, sage de l’arrondissement d’Itat-Djèbou.
Les voies publiques sont également proscrites pour les manifestations. Les raisons‚ selon un chef village est « de permettre à celui qui veut quitter une localité qui n’est pas concernée par la fête pour une autre, de circuler normalement». Cependant, « ce n’est pas prudent » prévient le sage qui estime que « la voiture ou la moto peut tomber en panne ».
La cérémonie officielle de lancement de l’édition 2022 des festivités du culte Oro s’est déroulée dimanche 21 août dans toutes les communes du département du Plateau où la fête se célèbre chaque année. À l’occasion, les responsables de la déité Oro se sont rendus au niveau des forêts sacrées. C’est un moment de fête et de réjouissances qui réunit hommes, femmes, jeunes et enfants, qui se retrouvent devant les forêts sacrées centrales de chaque localité ou de chaque village.
Au-devant de la scène, le premier responsable des adeptes du culte Oro dans la localité. L’événement consiste à faire appel à la divinité Oro qui doit répondre par son cri. Ce cri donne le quitus à la célébration de l’année‚ a fait savoir un responsable.
