Plusieurs récits nous enseignent la sacralité de la vie humaine. Le Fâ nous l’apprend également à travers le Fadù du jour Woliho-sa qui met en scène trois amis. Le Fagléta assuré par Baba Kponinfô de Sèhouè rejoint aussi le dicton, “savoir s’entourer”.
Propos recueillis et traduits par Barnabé Yélian KINTOHOU
Mort, Vodun et Fâ étaient de très bons amis. Ils avaient chacun un enfant. Zantolou est le fils de la Mort, Hounsou l’enfant du Vodun et Kakpo celui du Fâ. Tout allait bien entre les amis quand un jour, la Mort leur annonça son projet de communion rotative. Pour ces moments de partage et de convivialité, elle propose le sacrifice des enfants qui serviront de viande. Les trois se mettent d’accord sur le projet. Mais intérieurement, Fâ n’était pas consentant. Comment épargner son enfant devient alors son grand souci.
De retour à la maison, il interrogea les noix. Le signe Woliho-sa se révéla avec pour injonction de faire un “koudiɔ” à son enfant et d’aller au rendez-vous de ses amis toujours en retard. Les prescriptions furent respectées. La Mort, initiatrice du projet fut la première à tuer son enfant. Elle était en compagnie du Vodun qui l’aida dans la préparation.
Le repas bien assaisonné au piment était prêt avant l’arrivée du Fâ. Ce dernier ne prend pas de piment, ce que ses amis ont oublié pendant la préparation. Ils étaient obligés d’offrir à Fâ une poule préparée sans piment. Les deux, la Mort et Vodun, ont savouré ensemble la viande de Zantolou. La même scène se produisit chez Vodun. Ici aussi, Fâ mangea de la viande de poule laissant ses compères déguster la viande de Hounsou, l’enfant du Vodun. Au tour du Fâ, celui-ci cacha son enfant et tua des poules et moutons pour la communion. Pour ses amis, le Fâ a respecté la proposition initiale.
Mais quelques jours après, Vodun croisa en chemin Kakpo, l’enfant du Fâ qui est sorti de sa cachette. Stupéfait, il alla narrer à la Mort sa surprise. Ensemble, les deux convoquent Fâ devant Mintolonfin. Après l’intervention des plaignants qui parlaient de trahison, Fâ fera observer qu’il n’a pas goûté à la chaire de leurs enfants (qui était assaisonnée avec du piment). Et que c’est pourquoi en lieu et place de son enfant il leurs avait offert des poules et des moutons. Le roi Mintolonfin donne raison à Fâ.
Leçon: il ne faut pas suivre bêtement les conseils et propositions des amis sans les faire passer au crible de la raison. L’autre enseignement, il n’est pas conseillé de sacrifier son enfant, la créature divine. Au regard de ce fagléta, ceux qui pensent faire recours aux sacrifices humains pour s’enrichir doivent savoir que la vie humaine est sacrée.