Le Père Raoul Hinvi est professeur de philosophie. Il réagit ”à chaud” sur le décès du Pape François et les douze années de son pontificat. Il rappelle que l’Église ne se construit ni sur l’origine géographique ni sur les débats du moment, mais sur la fidélité au Christ.
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Bénin Intelligent : Un décès un lundi de Pâques. La mort du Pape François en ce jour symbolique vous semble-t-elle porteuse d’un sens particulier ? Un signe pour l’Église et le monde ?
Père Raoul Hinvi : Je commence par cette prière : Que l’âme du Pape François repose en Paix et que Jésus Christ lui accorde de participer à la joie de la Pâques éternelle. Tout ce qui dans sa vie a porté le Christ, chaque événement de notre vie qui dit Dieu pour nous et pour le plus fragile est symbolique et porteur d’un sens particulier dans le monde d’aujourd’hui qui est en perte de repères.
Le Pape François a souvent pris la parole face aux drames du monde, notamment au Moyen-Orient et à Gaza. Sa voix, à votre avis, était-elle encore audible, écoutée, entendue ?
Il me plaît de nous renvoyer à trois éléments : son homélie de Pâques prononcée par le cardinal Angelo Comastri lors la messe du jour du Dimanche de la Solennité de la résurrection du Seigneur, son discours avant la bénédiction pour l’indulgence plénière et le fait de sa décision de travailler pour assumer son ministère pétrinien avec ses dernières forces : courir ensemble pour découvrir le Christ et porter le Bien qu’Il Est à tous ceux qui sont en manque de la vie et de la grâce de la compassion de Dieu ; c’était comme un testament pour ne pas dire ses dernières volontés pour les puissants de ce monde et pour le pauvre de Dieu.
C’était simplement le cardinal argentin qui a choisi François d’Assise qui nous a parlé à la veille de son décès et, s’est efforcé avec les limites de son humanité pour nous montrer comment être ami du Christ dans chaque personne humaine qui entre en contact avec nous.
L’Afrique, considérée comme le nouveau poumon du catholicisme, peut-elle espérer enfin voir l’un de ses fils accéder au trône de Saint Pierre ? Seriez-vous favorable à un Pape africain ?
Pour le professeur et enseignant de la philosophie que j’essaie d’être, la bonne question ne doit pas être celle que vous avez formulée. Il ne s’agit pas “d’espérer voir enfin un Pape africain” mais prier pour que l’Esprit Saint habite dans sa plénitude les cardinaux électeurs afin qu’ils puissent s’ouvrir à accueillir le prochain vicaire du Christ pour être Serviteur des serviteurs dans le monde de ce temps. De plus, il ne s’agit pas “d’accéder au trône de Saint Pierre” comme à une prise de pouvoir ; mais de s’engager à vivre sur le Siège que le Messie de Dieu a donné à saint Pierre.
En ouvrant certaines discussions sur l’accueil des personnes LGBTQ+, le Pape François a suscité des réserves en Afrique. À votre avis, ces prises de position ont-elles fragilisé le lien avec le Vatican ?
Pour ce qui est de l’ordre des différentes réflexions et différentes positions qui sont de l’ordre du fait humain, saint Paul et saint Pierre nous ont montré que c’est l’engagement à prêcher et à vivre l’amour du Christ jusqu’à la mort qui doit plus nous préoccuper.
