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Sahel : L’AES signe un retrait collectif et historique de la CPI

Par Sêmèvo Bonaventure AGBON
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Un geste diplomatique à la portée historique. Ce 22 septembre, à l’issue du défilé marquant le 65e anniversaire de l’indépendance du Mali, le Général Assimi Goïta a signé, au nom de la Confédération des États du Sahel (Aes), l’acte du retrait conjoint du Mali, du Niger et du Burkina Faso de la Cour pénale internationale (CPI).

Cette décision est une première par son caractère collectif sur le continent. Dans son communiqué, l’AES justifie d’ailleurs sa décision en dénonçant une justice à deux vitesses :

«à l’épreuve du temps, il leur a été donné de constater que cette juridiction s’est transformée en instrument de répression néocolonial aux mains de l’impérialisme, devenant ainsi l’exemple mondial d’une Justice sélective. En effet, la CPI s’est montrée incapable de prendre en charge et de juger des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité, des crimes de génocide et des crimes d’agression avérés. Pendant qu’elle a observé un mutisme inexplicable, déroutant et complaisant à l’égard des auteurs de tels crimes, elle s’acharne contre certains acteurs ne relevant pas du cercle fermé des bénéficiaires de l’impunité internationale institutionnalisée, y compris en violation de son Statut.»

Ce retrait collectif intervient dans un contexte de défiance africaine de longue date. Naturellement elle rencontre un trouve un écho favorable, notamment sur les réseaux socio-numériques. Depuis plusieurs années, cette juridiction internationale est perçue comme un instrument de l’impérialisme. En effet, elle n’est pas reconnue par des puissances nucléaires telles que la Russie et les États-Unis d’Amérique. Le pays de Trump a d’ailleurs sanctionné plusieurs de ses juges après des mandats d’arrêts émis contre Benjamin Netanyahou et certains de ses ministres accusés de génocide à Gaza. Plus loin, la CPI est vitrifié de n’avoir pas poursuivi des dirigeants occidentaux ayant mené des campagnes militaires meurtrières dans d’autres pays.

C’est ce que rapelle cet internaute sous une publication de RFI :

« Une très bonne décision qui a même duré de voir le jour. La CPI est faite simplement pour juger les autorités africaines. Nicolas Sarkozy [accusé d’avoir déstabilisé la Lybie] tjrs libre pourtant la CPI devrait le prendre (…) La CPI était devenu une arme de dissuasion pour que les grandes puissances imposent leur dictature.C’est fini maintenant. À bas la CPI

Un contexte de défiance africaine

En 2017 déjà, les chefs d’État et de gouvernement africains avaient adopté, à l’issue du 28e sommet de l’UA tenu à Addis-Abeba, en Ethiopie, les 30 et 31 janvier, une « stratégie de retrait collectif » restée sans suite concrète.

Avant l’AES, le Burundi, l’Afrique du Sud et la Gambie avaient déjà claqué la porte individuellement. Comme le rappelle le juriste Désiré Assogbavi, spécialiste de l’Union africaine, un « retrait collectif » est un abus de langage qui « n’existe pas en droit international ». Chaque État devait donc notifier individuellement son retrait.

Créée par un traité signé en juillet 1998, la CPI est chargée de poursuivre les personnes accusées de crimes de guerre, de crimes contre l’humanité et de génocide.

Au-delà de la critique, l’AES présente cette décision comme une affirmation de sa souveraineté. Les trois pays entendent désormais « recourir à des mécanismes endogènes pour la consolidation de la paix et de la Justice », tout en réaffirmant leur engagement à lutter contre l’impunité.

Ce retrait collectif sonne comme un défi lancé à l’ordre judiciaire international et marque une nouvelle étape dans la construction politique de l’Alliance des États du Sahel.

Pour rappel, le Burkina Faso, la République du Mali et la République du Niger ont ratifié le Statut de Rome de la Cour pénale internationale (CPI) respectivement le 16 avril 2004, le 16 août 2000 et le 11 avril 2002.

Face à leur retrait, certains s’interrogent : retrait pour mieux comment des crimes ?

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