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Gérard Guèdègbé : «La qualité du débat public dépend … de la responsabilité des médias»

Par flat
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La liberté de la presse est un principe fondamental de la démocratie. D’autant que l’expert en stratégies médias et communication Gérard Guèdègbé place la qualité du débat public sous la responsabilité de ceux-ci. La proximité d’un média avec le pouvoir ou l’opposition « n’est pas une question trop grave » à ses yeux ; l’essentiel étant le respect de la déontologie. Il observe, toutefois, que la culture du débat démocratique est moins avancée au Bénin qu’ailleurs.

Propos recueillis par Arnauld KASSOUIN                     

 

Bénin Intelligent : Que comprendre par débat public ?

Gérard Guèdègbé : Je ne suis pas un politiste. Quand-même, je pense qu’on peut définir débat public par l’expression démocratique du citoyen sur l’ensemble des questions relatives au bien-être commun. Il peut concerner, la culture, le social, l’environnement, les politiques et des perspectives d’emplois par exemple. Toute discussion publique qui prime l’intérêt général au-dessus de tout, peut être considérée comme débat public. Il s’entend donc d’une expression citoyenne libre sur des sujets de préoccupations et d’intérêts publics.

Dans la naissance ou l’amélioration du débat public, pensez-vous que les médias y jouent un rôle ?

Quand on parle des médias, il va s’en dire qu’ils embrassent aussi bien ses acteurs que les plateformes de diffusion. Aujourd’hui avec ce qu’on connaît comme révolution numérique induisant la naissance ou une multiplicité d’Intelligence artificielle, il est à reconnaître que les acteurs des médias ne sont plus les seuls à détenir le monopole de l’information. Puisque des intelligences artificielles s’invitent désormais dans le processus de diffusion de l’information.

«D’ailleurs, le rôle qu’on souhaite que les médias jouent est celui de médiateur de la connaissance. Par conséquent, lorsqu’un citoyen entrevoit intervenir sur les questions qui touchent la construction d’un pont, la révision d’une constitution, l’emploi, les moyens d’existence limitée des jeunes, il est attendu des médias de lui fournir toutes les informations nécessaires, justes et équilibrées. Surtout dans le but de lui permettre d’avoir les outils d’analyse qu’il faut dans la construction de son opinion ou de ce qu’il appelle vérité.»

Toutefois, le rôle de la presse qu’est essentiellement de donner l’information d’intérêt public aux citoyens afin que ces derniers soient libres et autonomes de décider ne s’est guère effrité. Mais ce n’est pas pour autant qu’ils ne sont pas confrontés à des défis. D’ailleurs, le rôle qu’on souhaite que les médias jouent est celui de médiateur de la connaissance.

Par conséquent, lorsqu’un citoyen entrevoit intervenir sur les questions qui touchent la construction d’un pont, la révision d’une constitution, l’emploi, les moyens d’existence limitée des jeunes, il est attendu des médias de lui fournir toutes les informations nécessaires, justes et équilibrées. Surtout dans le but de lui permettre d’avoir les outils d’analyse qu’il faut dans la construction de son opinion ou de ce qu’il appelle vérité. Et donc, il est clair que les médias jouent un rôle significatif dans la formation de l’opinion publique. La qualité du débat public dépend en toute honnêteté de la responsabilité des médias. S’il est médiocre ou dégradée, c’est de la faute des médias. Si les médias souhaitent qu’une question particulière fasse l’actualité afin d’en faire un débat public ils le feront.

Les médias ont la capacité d’imposer l’agenda du timbre qui fera l’objet de débat public. En dépit de cela, il est aussi important de rappeler la responsabilité des acteurs politiques dans l’enrichissement du débat public. Bien qu’il ne leur soit demandé de toujours dire ce que le public souhaite entendre, il est demandé de leur part un minimum de responsabilité lorsqu’il y a lieu d’énoncer un discours politique.

Les acteurs politiques sont dans un rôle essentiellement compétitif lorsqu’ils se retrouvent dans un espace public. De ce fait, on ne pourrait attendre beaucoup d’eux en ce qui concerne la qualité du débat public. Il revient donc aux journalistes, de sanctionner ce qui va à l’encontre de la cohésion et de stabilité sociale.

Comment le journaliste peut-il analyser la politique de ceux de l’opposition et de la mouvance sans tomber dans la propagande ?

La question d’avoir des médias qui sont proches ou lointains d’un régime ou d’un parti politique, pour moi ce n’est pas une question taboue ou trop grave. On peut avoir des journalistes ou des journaux proches de la mouvance présidentielle ou de l’opposition. Si par exemple la ligne éditoriale du journal est socialiste ou a trait au libéralisme, alors ce qu’on va exiger des journalistes de ce médias, ce serait beaucoup plus le respect de la déontologie des professionnels des médias. Et que la crédibilité et l’honnêteté intellectuelle soient le maître mot du travail des journalistes.

«On peut avoir des journalistes ou des journaux proches de la mouvance présidentielle ou de l’opposition. Si par exemple la ligne éditoriale du journal est socialiste ou a trait au libéralisme, alors ce qu’on va exiger des journalistes de ce médias, ce serait beaucoup plus le respect de la déontologie des professionnels des médias.»

Pensez-vous qu’il y ait eu une certaine forme d’évolution du discours politique au Bénin de 1990 à nos jours ?

Il n’y a pas eu une grande évolution du discours politique ou du débat public au Bénin. Ça, c’est mon avis. Le fait que lors des élections les mêmes discours sur l’appartenance de tel candidat à telle région ou ethnie le prouvent à suffisance. Pour moi d’ailleurs, c’est un manque de maturité de la part des hommes politiques. Puisque, le rôle de nos politiques, c’est aussi amener les citoyens à une nouvelle perception de l’acteur politique. Honnêtement, je trouverai de l’amélioration dans le débat public ou dans les discours politiques lorsque les questions qui sont liées au moyen d’existence des populations font le nid des débats.

En situation de crise, les médias ont-ils une responsabilité dans la réunification des opinions divergentes publiques ?

Évidemment, ils doivent toujours mettre le point sur l’essentiel. Par contre, j’opterai plutôt plus pour le terme consensus. Parce que dire réunification signifierait qu’un groupe capitule au profit d’un autre. Ce qu’on ne cherche nullement. J’aurais souhaité qu’on puisse avoir la culture du débat démocratique. Car la culture du débat démocratique est moins avancée chez nous qu’ailleurs. Mais cela peut être aussi compris vu notre jeune expérience avec la démocratie. Ce que je désigne par culture du débat public est qu’on ne personnalise plus les débats qui sont d’intérêts publics.

 

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