Les conditions de vie et de travail des professionnels des médias au Bénin ne sont pas reluisantes. Absence de salaire décent et de sécurité sociale, la non application de la convention collective, le manque des activités de renforcement des capacités…Ainsi se présente la situation des journalistes selon la présidente de l’Union des professionnels des médias du Bénin (Upmb). Dans un entretien conjoint réalisé par Bénin Intelligent et Radio Bénin, Zakiatou Latoundji s’en désole et espère que la réforme annoncée dans le secteur des médias puisse y apporter de solutions. Celle-ci tourne autour de quatre axes. Entretien !
Journaliste : Zakiatou Latoundji, bonjour ! La presse est à l’honneur ce vendredi. Que dites-vous de l’activité des journalistes au Bénin, leurs conditions de vie et de travail ?
Zakiatou Latoundji : Les journalistes malheureusement sont dans une situation pas très agréable en termes de condition de vie et même de condition de travail. Je ne vous apprends rien. Quand vous regardez sur les réseaux sociaux, il y a pas mal de journalistes qui lancent des appels à l’aide. Des différents messages d’urgence pour les secourir parce que tel a un problème de santé, parce que tel autre a tel souci.
Dans l’ensemble, on note quand même une dégradation continuelle des conditions de travail. Elle est accentuée par la précarité des contions de vie des acteurs des médias et l’absence de salaire décent, la non application de la convention collective, l’absence de sécurité sociale pour beaucoup et la rareté aussi des activités de renforcement des capacités qui fait que on peut dire que le tableau n’est pas très reluisant.
Malgré ce tableau que vous décrivez, le Bénin a quand même progressé dans le nouveau classement de Reporter sans frontières. Votre appréciation, quelles perspectives pour la presse sous nos cieux ?
On peut dire que c’est un tableau sombre. Mais ce tableau sombre justifie incontestablement les classements peut flatteur du Bénin dans les classements relatifs à la liberté de la presse dans le monde avec Reporter sans frontières. C’est vrai que cette année il y a un bon mais le bon, il n’est pas pour autant énorme. Mais déjà, on peut apprécier que par rapport à l’année dernière, il y a une certaine amélioration. Quoi qu’on peut travailler en œuvrant à une plus nette amélioration en terme de classement du Bénin face à cette appréciation de Reporter sans frontières.
LIRE AUSSI
Et en arriver à un meilleur classement passe par l’amélioration des conditions de vie parce que si vous n’avez pas de bonne condition de vie, je ne sais pas si vous pouvez vraiment faire le travail intellectuel qu’il faut pour avoir de bons résultats. Donc, il y a les conditions de vie, il y a les conditions de travail. Ensuite, il y a le professionnalisme qui rentre en jeu pour permettre à l’acteur de vraiment faire preuve de son plein potentiel, contribuer véritablement à des médias suffisamment forts avec de très bonne qualité de production.
Où en est-ton par rapport aux réformes annoncées dans le secteur ?
En termes de réformes annoncées dans le secteur, les associations professionnelles ont été conviées à différents travaux de réflexion. Je pourrai vous dire que fondamentalement, les différentes réflexions ont tourné autour de quatre axes stratégiques. Le premier axe parle de renforcement du professionnalisme et de la responsabilité des acteurs des médias pour consolider les acquis démocratiques.
Le deuxième axe, c’est l’amélioration du bien-être social des professionnels des médias. Le troisième axe, est la création de véritables entreprises de presse autour de la question du modèle économique. Et pour finir, le quatrième axe, c’est le soutien aux entreprises des médias au Bénin.
Donc, après les étapes de collecte d’informations et de réflexion, les différents axes stratégiques pour en arriver à des réformes dans les médias sont déclinés tel que je l’ai cités. Donc, quatre axes pour les réformes dans le secteur des médias. Et les différents travaux, les conclusions des travaux et tout ça puisque les travaux se sont déroulés sous le leadership de la Haute autorité de l’audiovisuel et de la communication.
Nous nous avons participé aux travaux. Et l’institution s’est chargée maintenant d’apprêter le document nécessaire avec nos différentes propositions et les transmettre au chef de l’Etat. Puisque l’idée même des réformes émane du président de la République qu’on remercie au passage parce qu’il est certainement conscient de ce que il urge d’opérer des réformer dans le secteur.
LIRE AUSSI :
Liberté de la presse au Bénin : Joël Atayi-Guédégé invite à libérer « l’aide aux médias »
Il revient maintenant au chef de l’Etat de nous dire concrètement au regard de tout ceci, autour de quel point vont s’articuler ces réformes. Le travail de fond a été déjà fait et on attend fondamentalement aujourd’hui qu’on sache quelle est la réaction du chef de l’Etat face aux différentes propositions.
Pendant combien de temps encore ?
Je saurais vous dire pendant combien de temps. Ce que je peux en mon nom, en votre nom et au nom de tous les acteurs des médias, c’est de plaider pour effectivement des réformes assez prometteuses dans le secteur des médias, pour nous permettre à nous les acteurs des médias d’avoir de meilleure condition de vie. Et cela j’insiste énormément dessus. Et ensuite, meilleure condition de travail pour nous permettre d’être fiers d’être acteurs de médias.
Une presse prestigieuse, noble avec la mise en application de ces réformes, vous y croyez au Bénin ?
J’y crois fermement. Et je voudrais vous inviter à y croire avec moi. J’invite chacun de nous à travailler chacun à son niveau pour qu’on y arrive.
Zakiatou Latoundji, merci
C’est moi qui vous remercie.
