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Multilatéralisme africain

Université d’Abomey-Calavi : Mots sur les maux du multilatéralisme africain; colloque du CiAAF

Par Sêmèvo Bonaventure AGBON
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Le Civic Academy for Africa’s Future (CiAAF) dirigé par Dr Expédit Ologou organise un colloque international sur « L’avenir du multilatéralisme africain». L’objectif est de renforcer l’approche des solutions africaines aux défis africains. Les réflexions durent deux jours, du vendredi 1er au samedi 2 décembre à l’Université d’Abomey-Calavi.

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Étudiants, chercheurs et institutionnels participent depuis ce vendredi matin au colloque international sur «L’avenir du multilatéralisme africain ». La cérémonie d’ouverture est suivie d’une “leçon inaugurale” délivrée en distanciel par l’ancien chef de la Diplomatie béninoise, Nassirou Bako Arifari, professeur Titulaire de sociologie politique. Ladite communication porte sur «Le multilatéralisme africain, d’hier à demain».

Le CiAAF est un «mouvement de jeunes passionnés de recherche». Mis sur pied le 21 août 2018 à l’initiative d’Expédit Ologou, le groupe s’est déjà illustré par des réflexions osées et profondes et des productions littéraires scientifiques sur des préoccupations brûlantes : migration, terrorisme, élections en Afrique, démocratie.

Pas surprenant ! La vitalité et la fécondité du CiAAF en cinq ans d’existence reflètent bien le dynamisme, l’audace intellectuelle et surtout la prolixité de son président. Cet ancien journaliste de l’Ortb, aujourd’hui Maître-Assistant des universités du Cames en Science politique était, en effet, connu pour ses productions de qualité et surtout son sens d’analyse critique très sollicité à l’international aussi bien par des médias que des organismes publics.

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Le directeur scientifique du think tank Civic Academy for Africa’s Future (CiAAF) annonce d’ailleurs la publication prochainement d’autres ouvrages sur des thématiques d’intérêt engageant l’avenir de l’Afrique et le monde. A juste titre, le représentant du ministre des Affaires étrangères salue «l’immense contribution du CiAAF à la compréhension de certains sujets».

Multilatéralisme mondial

Le multilatéralisme est l’un des principaux modes de régulation des relations internationales depuis la fin de la seconde guerre mondiale, observe le Ciaaf dans l’appel à communication du colloque. Il est un dispositif de négociation entre plusieurs États et comme valeur politique tendant à la réalisation d’objectifs partagés (G. Devin & M. Smouts, pp. 121 à 158).

Le multilatéralisme est l’expression d’un système international qui privilégie la négociation, la coopération et les accords entre au moins trois (3) États.

En effet, le multilatéralisme se confond largement avec l’action collective internationalement organisée. Autrement dit, il est l’expression d’un système international qui privilégie la négociation, la coopération et les accords entre au moins trois (3) États. Ayant pour but d’instaurer des règles communes et de conduire des politiques concertées.

Depuis 1945, le multilatéralisme prend forme dans le cadre des institutions permanentes que sont les organisations internationales, ajoute le think tank.

Le colloque initié par le CiAAF propose de réfléchir sur les sens du multilatéralisme dans le contexte africain, ses enjeux et défis actuels. La finalité est de renforcer l’approche des solutions africaines aux défis africains et de proposer des pistes concrètes de solutions pouvant contribuer à faire de l’Afrique un acteur majeur, responsable et constructif du multilatéralisme mondial.

A cet effet, les communications au programme des deux jours de travaux explorent des axes tels que les 60 ans de multilatéralisme africain (depuis la création de l’OUA en 1963), bilan et perspectives; le panafricanisme, renaissances africaines et multilatéralisme africain; la prévention et la gestion des crises et conflits en Afrique; les rivalités et guerre d’influence entre puissances diplomatiques en Afrique : chances et/ou risques pour le continent ? La réforme du Conseil de Sécurité des Nations Unies : quelle place pour l’Afrique dans le nouvel ordre mondial en gestation ? Et l’intégration, coopération, concurrence, financement et autonomie des organisations internationales africaines.

Arifari Bako, radiographie d’un multilatéralisme africain désespéré

L’ancien ministre des Affaires étrangères du Bénin note avec regret une crise des organisations internationales africaines. Sur plusieurs sujets géopolitiques, sociopolitiques voire économiques, elles n’ont pu faire preuve d’efficacité.

Le conférencier évoque à titre illustratif la lutte contre le terrorisme au Sahel. Cette question, souligne-t-il, «n’a pas réussi à mobiliser l’ensemble des États dans la proximité, ce qui a fragilisé des organisations régionales.» D’ailleurs, face au terrorisme, « un seul pays ou groupe de pays isolés ne peut faire» grand- chose défend l’analyste en relations internationales Komlan Avoulete. Pour montrer combien il importe pour les États de se fédérer dans la lutte contre le terrorisme.

«Le principe de l’automatisme des sanctions» dérange Nassirou Arifari Bako. D’ailleurs, cette attitude des organisations régionales africaines face aux coups d’État «n’a pas fonctionné au Tchad» où le coup semble «certifié normal» contrairement au Mali ou au Niger.

Le professeur Nassirou Bako Arifari épingle également la dysharmonie entre les principes ou belles intentions inscrites dans les normes internationales et la gouvernance au niveau intérieur des États membres. « Il y a aussi la mauvaise gouvernance. Des protocoles de bonne gouvernance ont été adoptés au sein des organisations multilatérales alors que la gouvernance intérieure des Etats» laisse parfois à désirer, déplore-t-il.

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Dysharmonie

Le champ lexical de l’actualité ouest-africaine ces derniers mois est constitué de mots peu honorables : coups d’État, sanctions, intervention militaire, Cedeao, France. Au Mali, Burkina Faso, Niger et au Tchad, sans oublier le Gabon des changements anticonstitutionnels sont intervenus. Les organisations régionales africaines se sont illustrées par un traitement passionné et surtout déséquilibré.

«Le principe de l’automatisme des sanctions» dérange Nassirou Arifari Bako. D’ailleurs, cette attitude des organisations régionales africaines face aux coups d’État «n’a pas fonctionné au Tchad» où le coup semble «certifié normal» contrairement au Mali ou au Niger.

Cette « situation a contribué à la décrédibilisation des organisations régionales et du multilatéralisme africain. Les organisations perdent en crédibilité au sein du public.»

Face à ce tableau, l’universitaire propose, comme perspectives, de réfléchir à comment organiser la subsidiarité, la re-légitimation des organisations internationales face, par exemple, à la création de l’AES, potentiel concurrent de la Cedeao.

Aussi, invite-il à panser l’absence d’un cadre de cohérence des organisations. Il existe sur le continent une multitude d’organisations ayant des objectifs qui devraient être complémentaires.

Cet appel de celui qui est aussi l’envoyé spécial pour l’Afrique du Secrétaire général de l’Organisation de la coopération islamique (Oci), survient dans un contexte ou la reconfiguration de la scène internationale en cours risque de reléguer l’Afrique en tant que puissance en second rang.

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