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Joseph Mahoutin Akle : Un génie des chiffres qui trône dans la “Com”

Par Sêmèvo Bonaventure AGBON
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Le patron de l’agence Sudcom est un conquérant. Depuis son départ en 2010 de Telecel Bénin pour créer sa boite, Joseph M. Akle donne la preuve qu’investir dans le marketing opérationnel et communication, c’est repousser très loin les frontières.

Ses collaborateurs directs le qualifient de « très acharné et attentif au luxe du détail ». Ses interlocuteurs retiennent de lui « un aplomb dans le rendu et une opiniâtreté dans son métier ». Ses proches et amis l’aiment pour « sa bonté et sa sensibilité même s’il n’en donne pas l’air». Et un autre de résumer : « Avec lui, on joue d’abord au chat et au sourire». Discret, réflexif à-propos, nuancé de bon gré, iconoclaste souvent, le patron de l’agence africaine Sudcom, s’est taillé depuis lors une réputation très prisé du marketing opérationnel et de la communication globale. «(…) au début, c’était une passion que j’ai transformée en projet d’entreprise. Aujourd’hui, c’est une aventure qu’avec d’autres amis, nous faisons sur le continent», introduit-il. C’est ainsi que le voit Joseph Mahoutin Aklé. A force de le voir faire, de le suivre dans ses raisonnements, on finit par se poser logiquement beaucoup de questions. Comment celui dont ni le rêve de gamin, ni la formation de base ne l’y prédestinaient, a su asseoir une pareille présence dans ce très grand open space de la communication et de la publicité ? Joseph Mahoutin Aklé laisse filer un sourire sympathique. Sa spéciale : une pointe de détachement, une pointe de confession. « Devant les prétentions et les promesses de la publicité, nous avons voulu proposer et offrir un nouveau regard en partant des possibilités et des outils existants », commence-t-il à narrer. Il est peut-être mieux de démarrer par le début.

Préparé au succès

Joseph Mahoutin Aklé est né le 13 avril 1975 à Tchaada, un bourg de la commune d’Ifangni sur la route inter Etat Porto-Novo/Igolo. Dans une fratrie de seize enfants, il a été forgé avec une éducation stricte et a connu un cursus scolaire auréolé de succès précoces. Impétueux, mais très éveillé à l’école, le petit Mahoutin enchaine les performances de son âge à la grande satisfaction de sa mère, attachée à la primauté de l’excellence. Son père, lui, souhaite également qu’il en soit ainsi. Mais après avoir décroché son Certificat d’Etudes Primaire, il fut éloigné de ses parents, pour parcourir plusieurs villages, suivant les affectations de son frère aîné, qui était alors un « Jeune Instituteur révolutionnaire ». Son cursus de second cycle, dont certains camarades de classe avouent brillant par un Baccalauréat série B et un autre de la série G2 à Porto-Novo. De la capitale, il débarque à Cotonou pour poursuivre ses études à SUPELEC Bénin, l’ancien GASA-Formation. En 1998, il obtint son Brevet de Technicien Supérieur en Comptabilité & Gestion. En vérité, Joseph Aklé aimait démontrer et raisonner en géométrie ou en algèbre. Les théorèmes, il aimait aussi s’en servir pour résoudre les équations. « J’étais destiné à suivre des études de journalisme à Accra au Ghana sur conseils d’un ami à mon père avant de m’orienter vers la comptabilité. Je pensais ainsi embrasser une formation de chiffres et de concret », précise-t-il. C’est tout à fait logique donc qu’en 2003, il entre au Conservatoire National des Arts et Métiers (CNAM) de Paris pour poursuivre sa formation en comptabilité, après avoir obtenu un autre BTS dans cette discipline en Côte d’Ivoire… Deux ans après, c’est-à-dire en 2005, il décroche son Diplôme Supérieur de Comptabilité (DSC) et rentre à Cotonou poursuivre, dans une autre université, des études de Marketing et Communication. Mais avant, deux ans plus tôt, il décrocha un emploi à Telecel Bénin, l’ancêtre de Moov Bénin. « J’ai vu une offre d’emploi dans le quotidien de service public La Nation. J’ai postulé sans savoir de quelle entreprise il s’agissait. C’est lors de la phase des entretiens que je me suis rendu compte qu’il s’agissait de Telecel, où j’ai intégré une équipe jeune et dynamique », se souvient-il.

L’ascension !

Au poste en 2003, Mahoutin Aklé se révèle par son tact à recouvrer les impayés d’une clientèle de plus en plus large de cet opérateur mobile. Très vite, porté par le talent, il réussit à faire progresser les indicateurs de bénéfices et de rentabilité. Et pourtant dans les couloirs de l’entreprise, on ne le voit presque jamais. Joseph Mahoutin Aklé est un homme effacé qui préfère s’ex-
primer par l’action. Cependant, à 28 ans à l’époque, il était très écouté, puisque très pondéré. Sans fioritures, il organise, oriente et instruit. Un ami de longue date ne tarit d’ailleurs pas d’éloges à son égard : « Joseph Aklé aime produire du résultat. C’est un infatigable travailleur. Peu importe le contexte ou les impondérables, l’échec ne dépend jamais presque de lui », confie Sidikou KARIMOU, Directeur Général de Harmonies Média Group, le N°1 des services media en Afrique francophone. Au sein du groupe Atlantique Telecoms, il franchit régulièrement les échelons pour prendre , en 2005, les rênes du très stratégique Département de l’Administration Clientèle. Mais au bout de trois années, son influence a pris des proportions soulignées en creux par son mode de gestion et la satisfaction continue de la clientèle. Il sera dès lors affecté à la filiale de l’opérateur au Togo, pour gérer aussi bien le département Clientèle que le portefeuille des ventes. C’est une mission qu’il mènera brièvement mais efficacement. Ce poste sera son dernier acte au sein de la firme devenue entre-temps marocaine. Car en avril 2010, Joseph Mahoutin Aklé a décidé de créer sa propre entreprise. « J’ai toujours rêver entreprendre et par des concours de circonstances, j’ai franchi le pas en
avril 2010, quelques jours après mes 35 ans », confie-t-il.

Construire l’avenir avec Sudcom

Sans que l’on puisse en douter, c’était un pari risqué et jamais gagné d’avance. Quitter la banquise sans la promesse d’une autre plus loin, renoncer à l’iceberg de référence, même en pleine fonte par l’idéal de monter une entreprise, même grevée par les déplorations de l’instant, n’est pas une gaie aventure. Qu’importe ! Joseph Aklé s’y lança avec la création d’une agence de communication globale et de marketing opérationnel avec pour siège à Lomé : Sudcom. Grâce au brillant passif professionnel de son promoteur et à des clés inédites et innovantes, Sudcom se positionne sans tarder. L’entreprise ouvre les portes de prestigieuses enseignes telles que Moov, son ancien employeur, Airtel, Nestlé, Asky Airlines, United Bank for Africa (UBA), BB Lomé, SOBEBRA, Unilever ou encore l’Africaine des Assurances… En parallèle, la compagnie avec son crawl glorieux s’est ensuite implantée à Cotonou, Ouagadougou, Niamey et Abidjan. Et, pour l’ancien transfuge de Telecel Bénin, le modèle de cette expansion rapide tient en une phrase confiée déjà à Jeune Afrique en 2014. « Une fois que nous avons décidé de nous positionner sur un marché, nous identifions un jeune ayant une bonne connaissance de notre domaine d’activités et l’esprit entrepreneurial », a-t-il avoué l’époque. Sans faute et au rythme des saisons, Sudcom élaborait des concepts et des stratégies notamment pour de grandes enseignes et des industries de FastMoving Consumer Goods (FMCG). Des concerts aux manifestations culturelles en passant par les colloques panafricains et les rendez-vous internationaux.

Sudcom est en perpétuel mouvement.

Entre autres, Moov Summer toutes les vacances à Lomé, les 20 ans du groupe ivoirien Magic System à Cotonou et Lomé ou la célébration des 60 ans de la bière La Béninoise de la SOBEBRA portent sa signature. Et au bout du rouleau, des clients toujours satisfaits et une réputation construite, un leadership renforcé et une influence établie. « Joseph Aklé est un entrepreneur dans l’univers de la créativité, qui fait les choses suivant une devise : faire mieux, faire plus. Cela lui vaut des nuits d’insomnie à trouver les solutions locales dans un contexte difficile », dit de lui Kwame Senou, un ancien collaborateur, aujourd’hui Directeur Général d’Opinion & Public, une entreprise de relations publiques affiliée à Burson Cohn & Wolfe. Pour preuve, en 2015 et 2016, l’Institut Choiseul, hisse sans surprise, Joseph Aklé parmi les dirigeants africains de 40 ans et moins, appelés à jouer un rôle majeur dans le développement économique du continent dans un avenir proche. Selon le think tank libéral français, le patron de Sudcom est l’un des 100 leaders africains économiques de demain. Et, cela ne fait que se confirmer. « Je n’ai jamais accepté recevoir un prix ou une distinction. Je refusais systématiquement. Cependant, j’ai accepté avec fierté cette reconnaissance de l’Institut Choiseul qui a une notoriété établie et est reconnu pour son sérieux », a-t-il jugé.

Tirer d’autres jeunes vers le sommet

Mais en même temps, que Sudcom libère ses tentacules en Afrique francophone, Joseph Aklé diversifie ses interventions en renforçant son intérêt pour la jeunesse. En 2019, il lance la première édition du Salon des Jeunes Entrepreneurs à Lomé. En s’appuyant sur son parcours et son expérience, il souhaite booster l’entrepreneuriat, à travers la mise en lumière des opportunités d’affaires. Il cible plusieurs secteurs dont le numérique, le marketing et la communication, la culture, l’agroalimentaire, l’énergie et la formation. Des séances de renforcements de capacités sont organisées en faveur des porteurs de projets. « J’ai initié ce salon dans le but de donner davantage envie aux jeunes d’entreprendre », dit-il. Des centaines de jeunes ont été initiés aux techniques d’élaboration d’un business model et à la recherche de financements. Son carnet d’adresses aidant donc, cette première édition fut une réussite. Mais n’a pu se tenir l’année dernière en raison de la pandémie de la Covid-19. « La pandémie a sérieusement réinventé nos habitudes et donc affecté des actions prévues, des évènements en cours et bien des stratégies à déployés. Mais comme notre métier en lui-même est très dynamique, nous nous sommes très vite adapté avec de nouveaux process et une bonne résilience », rappelle-t-il. Assis dans son bureau situé sur le front de mer à Lomé, il suit bien souvent l’actualité du monde, avec un goût inachevé. Puis, il la commente, le soir autour de cuvées spéciales ou des vins millésimés au vieillissement prolongé avec des amis et des proches pour qui il est un protecteur, disponible. Son ami et frère Sidikou KARIMOUl confirme cette singularité d’où il tire son affectueuse appellation de Consul. Et ça, c’est quand, il ne se livre pas à l’un des exercices qui le passionnent le mieux : le voyage au volant de ses voitures. « Rallier Ouagadougou par la route, puis Niamey. Par passion pour son métier, il le fait bien souvent pour rattraper une réunion où défendre ses idées, ou s’assurer que le prochain grand concert se fera sans erreurs », souffle Kwame SENOU. Ici la fascination se double de l’attrait pour le paysage. Cela ne trahit les fragilités de l’âge que quand il est dans les grandes rencontres avec des hommes d’affaires de premier plan, chefs d’entreprise de haut niveau, ministres de la République… Mais bien avant, il est 15h, et ce diplômé de la Haute École de Commerce (HEC) de Paris doit à nouveau se connecter pour poursuivre en ligne son cours de « Conduite du Changement ». Suivra ensuite sa séance presque quotidienne d’une heure de tennis dans la Cité du Port de Lomé. Pile à l’heure, le temps lui est très précieux.

Source : Modeste T, KANU Magazine N°05

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