Alors que Ouidah vibrait au rythme des Vodun days mercredi 10 janvier, la forêt sacrée de Zannoudji dans la commune de Zè accueillait aussi de visiteurs. L’initiative est portée par Michel Todé, jeune leader politique de la commune à l’occasion de la fête des religions traditionnelles. La forêt sacrée de Zannoudji est le berceau de la civilisation Aïzo.
La forêt sacrée de Zannoudji est historique, culturel et écotouristique qui regorge de massif granitique. Des rochers sur lesquels se fonde l’histoire de l’aire Aïzo selon la légende.
Très peu connue de la population et du peuple béninois, la forêt sacrée de Zannoudji dans la commune de Zè est pourtant un lieu historique. Même le lac Nokoué tire sa source de cette forêt. Il est logé dans un trou naturel créé à l’intérieur d’un rocher et contient de l’eau. Cette eau ne tarit jamais apprend Dassi Hounnongan Gbezèhoué Allomassounssoun, président des guides des forêts sacrées de la commune de Zè et plus particulièrement celle de Zannoudji. Le jour où cela arriverait, le lac nokoué disparaitra confie-t-il.
Cette eau permet de contrôler également la crue. Lorsqu’elle déborde, c’est la crue qui est ainsi annoncée au niveau du lac nokoué informe le guide. La forêt sacrée Zannoudji est le lieu de naissance du peuple Aïzo. « C’est ici que nos aïeux sont parvenus. Le premier Aïzô est sorti du sous-sol et le second est descendu du ciel » apprend le dignitaire. « Il y a plusieurs sites dans la forêt. Tout est naturel. On a rien invité » jure-t-il.
Au nombre des sites visités, le lieu de distraction des aïeux avec le jeu de domino creusé dans le rocher, le site de teinte indigo, le roi des arbres l’iroko, la cachette des guerriers et des Amazones lors des guerres tribales, la rivière dont ils se servaient pour étancher leur soif à l’époque. Selon le guide, cette rivière avait disparu de son lieu après s’être maudite par le roi Donou Zoguigui. Après l’installation de l’actuel roi des Aïzo Zomahoué Adjado Donou Domasse II en 2006, « il a eu un songe dans lequel les ancêtres lui ont dit les sacrifices à faire pour que cette rivière réapparaisse. Ces sacrifices ont été faits et en 2007, la rivière réapparait ».
Les autres sites visités sont entre autres, le palais du premier roi des Aïzo Zannoudji, la tribune où il restait pour s’adresser à son peuple ainsi que des rochers représentant les cinq continents. Il s’agit des massifs granitiques qui ont pris la forme des différents continents. L’Afrique, l’Europe, l’Amérique, l’Asie et l’Océanie. L’Afrique est le berceau de l’humanité selon certaines études. Avec les réalités de la forêt Zannoudji, Dassi Hounnongan Gbezèhoué Allomassounssoun déduit que c’est possible que le Bénin soit ‘’le berceau de l’humanité’’.
LIRE AUSSI :
Commune de Zè : Michel Todé et Isaac Hounton remobilisent les militants de Moele Bénin
Parlant d’écosystèmes, il y en a à foison dans la forêt. Des oiseaux ainsi que des animaux de tout genre dont le singe, informe le guide.
Des rochers au sud
La forêt Zannoudji est remplie de rochers. Des matières que beaucoup estiment qu’on ne peut retrouver qu’au nord ou au centre du pays. Cette visite a permis à Michel Todé de découvrir qu’il y a bel et bien des rochers au sud du Bénin et précisément à Zè. « Les mots me manquent pour qualifier cette forêt. Je vais y revenir. Je vais en parler sur tous les toits, sur le plan national et international » a déclaré Maurice Tchibozo, acteur politique de la commune de Zè.
Il a promis accompagner Michel Tode à revaloriser cette forêt. Et cette action n’est pas celle de quelques personnes seulement. Mais plutôt de tous les acteurs politiques de la commune de Zè quel que soit son bord. « Je vais en parler avec tous les acteurs politiques de la région pour arranger cette forêt, pour ramener les touristes ici ».
« J’ai été beaucoup plus impressionné par le caractère naturel de tout ce qu’on a vécu dans la forêt notamment les différents sites. J’invite tous les Béninois à y faire un tour » lance Issac Hounton, membre de la délégation.
Défis
La forêt Zannoudji s’étendait autrefois sur 50 hectares. Aujourd’hui, elle a été réduite à moins de 18 hectares. Conséquences de la menace anthropique. Cette menace de disparition pèse au quotidien sur ce lieu. « On est menacé par ceux qui nous entourent. Ils nous dérangent beaucoup. Nous avons écrit fatigué. Nous voulons qu’ils nous aident à préserver ce lieu et à faire du lieu un lieu touristique » plaide Dassi Hounnongan Gbezèhoué Allomassounssoun.
« L’objectif de ce déplacement est de vivre la fête du 10 janvier autrement » explique l’initiateur Michel Todé. « Parce que la fête du 10 janvier souvent on va vers des vodun, on immole des bêtes, des animaux, des acteurs du culte vodun dansent tout ça ». Aussi, la descente dans la forêt est de faire « venir des amis qui ne connaissent pas encore les choses naturelles d’ici comme moi ».
LIRE AUSSI :
Le Tofa est-il politiquement manipulé ? Mahougnon Kakpo se prononce
Il avoue même que cette forêt est à l’origine de son essor économique en tant qu’entrepreneur. « On ne peut pas évoluer sans sa culture. C’est pour inculquer cela dans la tête de mes amis que je les ai fait venir ici. Moi j’ai compris depuis. Je suis entrepreneur. J’ai commencé par gagner beaucoup de marché avec les réalités de ma culture. C’est ce qui a fait de moi ce que je suis aujourd’hui » raconte-t-il.
Il a promis qu’avant la fin de cette année notamment avant le 10 janvier prochain, il fera tout « pour construire au moins une paillotte » sur le site. Ceci, afin d’héberger les touristes en cas de pluie puisque jusqu’à ce jour, le site n’en dispose pas.
Le roi Zomahoué Adjado Donou Domasse II a salué la démarche de ces jeunes et a invité le peuple béninois à leur emboiter le pas. Aussi a-t-il invité les dirigeants à accompagner sa cour, pour la préservation et la valorisation de ce lieu.